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La tragédie de la lune

 

Il était une fois, il y a bien longtemps et bien loin d’ici, un garçon qui s’appelait Jax et qui était tombé amoureux de la lune. Jax était un garçon étrange. Un garçon réfléchi. Un garçon solitaire. Il habitait dans une vieille maison toute cassée au bout d’une route toute cassée. Tous ceux qui voyaient Jax se rendaient compte qu’il y avait chez lui quelque chose de différent. Il ne jouait pas. Il ne courait pas dans tous les sens en faisant des bêtises. Et il ne riait jamais.

 

Certains disaient:

 

  • Qu’est ce qu’on peut attendre d’un garçon qui vit tout seul dans une maison toute cassée au bout d’une route toute cassée?

 

Certains disaient que le problème venait du fait qu’il n’avait pas de parents. D’autres qu’il avait en lui une once de ténèbre et que cela empêchait son cœur de jamais connaître la joie.

 

C’était un garçon malchanceux, impossible de le nier. Quand il avait une chemise neuve, il y faisait un trou. Si on lui donnait une friandise, il la faisait tomber par terre.

 

Certains disaient qu’il était né sous une mauvaise étoile, qu’il avait le mauvais sort ou qu’un démon chevauchait son ombre. D’autres étaient simplement désolés pour lui, mais pas au point de l’aider.

 

Un beau jour, un marchand ambulant est apparu devant la maison de Jax, tout au bout de la route. C’était une surprise, parce que, comme la route était cassée, personne ne l’utilisait.

 

  • Hé là ! Mon garçon ! Peux-tu donner à boire à un vieillard?

 

Jax lui a apporté de l’eau dans une vieille chope. Le marchand a bu et a regardé le garçon.

 

  • Tu n’as pas l’air heureux, fiston. Qu’est ce qu’il y a?

  • Il n’y a rien, il me semble qu’il faut avoir une raison pour être heureux et je n’en ai aucune.

Il avait dit cela d’un ton si résigné que le marchand en eu le cœur brisé.

 

  • Je parie que j’ai dans mon sac quelque chose qui te rendra heureux, qu’en dis-tu?

  • J’en dis que si vous me rendez heureux, je vous en serai extrêmement reconnaissant, mais je n’ai pas d’argent à dépenser ni un seul sou à emprunter.

  • Ah! ça c’est un problème.

  • Si vous trouvez dans votre sac quelque chose qui me rende heureux, je vous donnerai ma maison. Elle  est vieille et toute cassée, mais elle vaut quelque chose

Le marchand considéra la maison qui était presque aussi vaste qu’un manoir.

  • C’est vrai…

  • Et si vous ne pouvez pas me rendre heureux vous me donnerez les ballots que vous avez sur le dos, le bâton que vous avez à la main et le chapeau que vous avez sur la tête?

Le marchand aimait bien les paris et savait reconnaître une affaire quand il en voyait une. De plus, ses ballots regorgaient de trésors récoltés aux quatre coins de la civilisation et il était persuadé de parvenir aisément à impressionner un jeune garçon Aussi a t-il accepté et ils se sont serré la main.

 

D’abord le marchand sortit un sac de billes aux couleurs du soleil, Mais ça n’a pas rendu Jax heureux, il en sortit un petit animal mécanique mais celà ne l’a pas rendu heureux non plus.

 

Le marchand ouvrit alors son deuxième sac qui contenait des objets bien plus précieux, il en sortit plusieurs soldats en bois qui après une petite formule magique, s’affrontère en combat à mort. (Ici plusieurs PJ’s s’affronteront, petit combat pour divertir la foule)

  • C’était divertissant mais cela ne me rend pas heureux.

Le marchand sortit alors un livre qui connaissait toutes les réponses si on lui posait la bonne question. Jax essaya de poser une question et se fit immédiatement critiquer par le livre à cause de ses mauvaises manières, cela ne le rendit pas heureux.

 

Les heures ont passé. à la tombée de la nuit, le marchand a commencé à s’inquiéter. Peu lui importait de perdre son bâton, mais c’était grâce au contenu de ses ballots qu’il parvenait à assurer sa subsistance et il tenait à son chapeau.

 

Le marchand s’est rendu compte qu’il allait ouvrir son troisième ballot, qui ne contenait que trois choses. Mais c’était des choses qu’il ne montrait qu’à ses clients les plus riches. Chacun de ces objets valait bien plus à lui tout seul qu’une maison cassée. Mais, se disait-il, je préfère encore me séparer de l’un d’eux que tout perdre et mon chapeau avec.

 

  • Qu’est ce que c’est que ça? 

  • Des lunettes, c’est comme une deuxième paire d’yeux qui aide à y voir mieux.

 

Il les posa sur le nez du garçon.

 

  • Tout à l’air pareil

Puis Jax leva les yeux au ciel.

  • Qu’est ce que c’est?

  • Ce sont les étoiles

  • Je ne les avais jamais vues

Il continua de regarder le ciel puis s’arrêta brusquement

  • Et ça, qu’est ce que c’est?

  • Ce doit être la lune

  • Je crois que ça me rendrait heureux

  • Eh bien voilà! Tu as tes lunettes…

  • Regarder ne me rend pas heureux, pas plus que regarder mon dîner ne me remplit le ventre. Je veux l’avoir pour moi tout seul.

  • Je ne peux pas te donner la lune, elle ne m’appartient pas, elle n’appartient qu’à elle-même.

  • Il n’y a que la Lune qui me rendra heureux.

  • Alors je ne peux pas t’aider. Mes ballots et tout ce qu’ils contiennent sont à toi, ainsi que mon bâton. C’est un bon bâton, bien solide.

  • Tu ne pourrais pas me laisser mon chapeau? J’y suis attaché et…

  • Il me revient de droit, s’il vous plaisait tant, vous n’auriez pas dû le jouer.

Jax a donc mis le chapeau sur sa tête, empoigné le bâton et rassemblé les ballots. Le troisième n’avait pas été ouvert.

  • Qu’est ce qu’il y a dedans?

  • Une chose avec laquelle j’espère que tu t’étoufferas!

  • Pas besoin de se mettre dans un état pareil à cause d’un chapeau, j’en ai plus besoin que vous. Il faut que je marche longtemps pour trouver la lune et m’en emparer.

  • Si tu ne m’avais pas pris mon chapeau, je t’aurais aidé à l’attraper.

  • Je vous laisse ma maison cassée. C’est quelque chose. Mais ça va être à vous de la réparer.

Jax a chaussé les lunettes et est parti sur la route en direction de la lune. Il a marché toute la nuit, ne s’arrêtant que lorsqu’elle se dissimulait derrière les montagnes. Alors Jax a marché jour après jour, cherchant sans trêve. Il escalada les plus hautes montagnes du monde et chercha dans les déserts les plus arides, il n’avait aucun mal à la suivre car en ce temps-là, la lune était toujours pleine. Ce n’est qu’en arrivant au plus profond de la forêt la plus sombre, qu’il commença à perdre espoir. Il s'arrêta près d’un vieil arbre pour reprendre son souffle. Le tronc s’agita et une voix jaillit de l’arbre.

  • Bonsoir! Vous êtes loin de tout, ici. Comment est la route vers les étoiles?

  • Elle est longue. Dure et épuisante.

L’arbre l’invita à s’asseoir et à se reposer un peu, ça faisait si longtemps que personne n’était venu le voir, il était content de jouir d’un peu de compagnie.

  • Que faites vous ici, si loin de tout ?

  • Je suis un arbre, où veux tu que j’aille? Je pousse et j’écoute

  • Et qu’écoutez-vous?

  • J’écoute les choses pour savoir ce qu’elles ont à dire, j’écoute la pierre qui se déplace et la goutte qui se transforme en ruisseau, j’écoute le vent qui chante et le temps qui change. Et toi, que fais-tu ici?

  • J’essaie de trouver la lune.

  • C’est très facile. On peut la voir tous les soirs, quand le temps le permet.

  • Non. J’essaie de l’attraper. Si je pouvais être avec elle, je crois que je pourrais être heureux

  • Vous voulez l’attraper? Depuis combien de temps êtes-vous à sa poursuite?

  • Depuis plus d’années et plus de kilomètres que je peux me souvenir.

  • Hum. Je peux l’entendre à votre voix, ce n’est pas un caprice destiné à disparaître.

Il demanda à Jax de s’approcher et écouta son cœur.

  • Oh ! Que c’est triste… Votre cœur est brisé et vous n’avez jamais eu l’occasion de vous en servir.

Jax s’est écarté un peu mal à l’aise.

  • Cela vous dérange si je vous demande quelque chose ? Quel est votre nom ?

  • Cela ne me dérange pas que vous me le demandiez, du moment que cela ne vous dérange pas que je ne vous le dise pas. Si vous connaissiez mon nom, je serais en votre pouvoir, n’est-ce pas?

  • Vraiment ?

  • Bien entendu, vous avez en votre possession un coffret permettant d’enfermer le nom de toute chose, et ainsi, d’avoir un pouvoir absolu sur elle, vous ne m’en voudriez donc pas, si je ne vous donne pas mon nom.

  • Pourriez-vous m’aider à attraper la lune ?

  • Je pourrais peut-être vous donner quelques conseils, mais tout d’abord, il y a une chose à laquelle vous devez réfléchir. Quand on aime quelqu’un, il faut s’assurer qu’il vous aime en retour sinon cela n’apporte que des ennuis de se lancer à sa poursuite.

  • Comment savoir si elle m’aime?

  • Vous pourriez essayer d’écouter, cela marche à merveille, vous savez? Je pourrais vous apprendre.

  • Combien de temps cela prendrait?

  • Deux ou trois ans, tout dépend si vous êtes doué. C’est difficile, d’écouter correctement, mais une fois que vous y serez parvenu, vous connaîtrez la lune de la tête aux pieds.

  • C’est trop long, si je peux l’attraper, je peux parler avec elle. Je peux faire…

  • C’est là une partie de votre problème, vous ne voulez pas vraiment l’attraper. Pas vraiment. Avez-vous l’intention de la pourchasser dans le ciel? Bien sûr que non! Vous voulez la rencontrer. Ce qui signifie qu’il faut que ce soit lla lune qui vienne à vous

  • Comment puis-je y arriver?

  • C’est ça la question non? Qu’avez-vous donc que la lune pourrait désirer? Qu’avez-vous à lui offrir?

  • Seulement ce que j’ai dans mes ballots

  • Ce n’est pas ce que je voulais dire, mais nous pourrions tout aussi bien jeter un coup d'œil à ce que vous avez apporté.

Il regardèrent le premier ballot et à découvert plein de jouets pour enfant, le deuxième contenait quelques objets magiques, mais rien qui ne pouvait les aider. Alors ils regardèrent le troisième ballot.

 

  • Qu’avez-vous là-dedans ?

  • Je n’ai jamais été capable de l’ouvrir, Je n’arrive pas à venir à bout de ce nœud.

L’arbre s’est tu un instant pour écouter. Puis il a regardé Jax d’un oeil noir.

  • Le nœud dit que vous l’avez tranché. Piqué avec un couteau. Mordu avec vos dents.

  • C’est vrai, je vous l’ai dit, j’ai tout essayé pour le défaire.

  • Loin de là.

L’arbre se pencha vers le ballot.

  • Je suis terriblement désolé, mais vous voulez bien vous ouvrir?

Il a fait une pause pour écouter.

  • Oui. Je vous prie de m’excuser. Il ne le fera plus.

Le nœud s’est défait et l’arbre à ouvert le ballot. Quand il eut jeté un coup d'œil à l’intérieur, ses yeux se sont agrandis et il a laissé un sifflement. Mais lorsque le vieil homme a disposé le contenu du ballot sur le sol, les épaules de Jax se sont affaissées. Il avait espéré de l’argent ou des pierres précieuses, un trésor qu’il aurait pu offrir à la lune en cadeau, mais tout ce que le ballot renfermait, c’était un bout de bois tordu, une flûte et une petite boîte en fer.

Seule la flûte a attiré son attention. 

  • J’avais une flûte quand j’étais enfant. Mais elle s’est cassée et je n’ai jamais pu la réparer.

  • Ces articles sont très intéressants.

  • La flûte n’est pas mal, mais à quoi pourraient bien servir un bout de bois et une boîte trop petite pour qu’on puisse y mettre quoi que ce soit?

  • Vous ne m’écoutez pas, et vous n’entendez pas ce qu’ils disent ? La plupart des choses chuchotent. Celles-là crient. A moins que je ne me trompe, c’est une tour pliante, et très jolie.

  • Qu’est ce que c’est, une tour pliante?

  • Vous savez, quand on replie sur elle-même une feuille de papier et que chaque fois elle devient de plus en plus petite? Eh bien, une tour pliante, c’est pareil. Sauf que c’est une tour bien entendu.

Jax a pris le bout de bois et a essayé de le redresser. Tout à coup, il s’est retrouvé avec deux morceaux de bois qui ressemblaient au chambranle d’une porte.

  • Ne la dépliez pas ici ! Je ne veux pas d’une tour dans ma clairière pour me masquer le soleil !

Jax s’est efforcé de replier les bouts de bois.

  • Pourquoi je n’y arrive pas?

  • Parce que vous ne savez pas comment faire j’imagine. Et je vous suggère d’attendre de savoir où vous voulez l’installer avant de déplier le reste.

Jax a reposé délicatement les morceaux de bois sur le sol et a ramassé la flûte.

  • Elle est spéciale, elle aussi?

Il l’a portée à ses lèvres et a joué un trille tout simple qui ressemblait au chant de la Grive des bois. Une dizaine d'oiseaux sont apparus dans le ciel et se sont posés autour de Jax pour le regarder avec curiosité.

  • On dirait bien que ce n’est pas une flûte ordinaire.

  • Et la boîte ? C’est celle dont vous m’avez parlé? Que contient-elle?

L’arbre frissonna et détourna le regard

  • Elle est vide

  • Comment pouvez-vous le savoir sans regarder à l’intérieur?

  • En écoutant. Je suis étonné que vous ne l’entendiez pas vous-même. C’est la chose la plus vide que j’aie jamais entendue. Elle a un écho. Elle est faite pour contenir quelque chose.

  • Toutes les boîtes sont faites pour contenir quelque chose.

  • Et toutes les flûtes sont faites pour jouer une musique douce à l’oreille. Mais cette flûte est capable de bien des choses. Il en est de même pour cette boîte.

Jax rangea les objets dans le ballot

  • Je crois que je vais reprendre la route.

  • Vous êtes sûr de ne pas vouloir rester un mois ou deux? Vous pourriez apprendre à écouter un peu mieux; C’est très utile, de savoir écouter

  • Vous m’avez fourni quelques sujets de réflexion, et je crois que vous avez raison. Je ne devrais pas poursuivre la lune, il faudrait que je la force à venir à moi.

  • Ce n’est pas exactement ce que j’ai dit…

Le ton de Jax était résigné, comme l’arbre savait écouté, il s’avait qu’il n’avait pas été entendu.

Jax parti à l’aube du jour suivant, sans jeter un regard en arrière, s’il l’avait fait, il aurait pu voir le sourire de l’arbre, un sourire qui aurait terrifié le plus courageux des hommes. Mais Jax continua sa route, suivant la lune plus haut dans les montagnes. Il a fini par tomber sur une vaste étendue de terrain plat nichée entre les plus hauts sommets.

Jax a sorti du ballot le bout de bois tordu et a commencé à déplier la tour. Comme il avait toute la nuit devant lui, il espérait avoir fini avant le lever de la lune.

Mais la tour était bien plus haute qu’il ne l’avait imaginé. De plus, la déplier s’était révélé une tâche plus difficile qu’il ne l’aurait cru. La lune était déjà haut dans le ciel que Jax n’avait pas encore fini.

C’était peut-être pour cela que Jax s’était dépeché, à moins qu’il n’ait fait preuve d’insouciance. Ou peut-être était-il simplement poursuivi par la malchance.

Une fois déplié, la tour s’est révélée superbe, immense et dotée de nombreux balcons et de nombreuses pièces mais tout était mal ajusté. Il y avait des escaliers qui ne menaient nulle part. Certaines pièces manquaient de murs, à moins qu’elles n’en aient trop. Beaucoup n’avaient pas de plafond et donnaient sur un ciel étrange piqueté de constellations inconnues.

Tout allait de travers. Par une fenêtre, on pouvait voir des prairies émaillées de fleurs printanières, alors que, de l’autre côté de la pièce, le carreau était couvert de givre. Ce pouvait être le lever du jour dans la salle de bal, et le crépuscule dans la chambre d’à côté.

Puisque rien dans cet édifice n’avait de réalité, tout était de guingois. Aucune des portes et des fenêtres ne fermait correctement. Et comme cette tour était très vaste, il y avait beaucoup d’ouvertures par où entrer ou sortir. 

Jax n’a pas prêté attention à cela. Il s’est précipité en haut de la plus haute tour où il pouvait presque toucher les étoiles du bout de ses doigts et a porté la flûte à ses lèvres.

Une chanson douce est montée dans la nuit claire. Ce n’était pas le simple trille d’un oiseau de nuit, mais une complainte venue de son cœur brisé. Émouvante et triste, elle palpitait comme un oiseau à l’aile brisée.

En l’entendant, la lune est descendue jusqu’à la tour. Pâle, ronde et splendide, elle se tenait devant Jax dans toute sa gloire et, pour la première fois de sa vie, il s’est senti envahi par la joie.

Ils ont conversé, en haut de la tour. Jax lui a raconté sa vie, a évoqué son pari puis son long voyage solitaire. La lune a écouté, a ri et a souri.

Mais elle a fini par tourner vers le ciel un regard languissant.

Jax savait ce que cela voulait dire.

  • Reste avec moi, a-t-il imploré. Je ne peux être heureux que si tu es mienne.

  • Je dois partir, le ciel est ma demeure.

  • J’ai édifié cette tour pour toi, il y a assez de ciel pour toi, ici. Un ciel vide qui sera tout à toi.

  • Il faut que  je parte. Je suis partie trop longtemps…

Jax tendit la main comme pour la saisir mais a retenu son geste

  • Le temps est ce que je veux qu’il soit à l’intérieur. Ta chambre peut être en hiver ou au printemps, comme tu le voudras.

  • Il faut que je parte. Mais je reviendrai. Je suis éternelle et toujours semblable. Et quand tu joueras de la flûte pour moi, je te rendrai visite.

  • Je t’ai donné trois choses. Une chanson, une maison et mon coeur, Puisqu’il faut que tu partes, ne vas-tu pas me rendre ces trois choses?

La lune s’est mise à rire

  • Qu’est ce que je possède, que je pourrais te laisser? Mais si je suis en mesure de te le donner, demande et je te donnerai.

  • D’abord je demanderais à toucher ta main.

  • Une main en serre une autre, et je t’accorde cette requête.

Elle a tendu sa main, qui était douce et forte. Elle semblait fraîche, tout d’abord, puis merveilleusement chaude. Jax en a eu la chair de poule.

  • Ensuite, je voudrais un baiser

  • Une bouche en goûte une autre, et je t’accorde cette requête.

Elle s’est penchée vers lui. Son haleine était suave, ses lèvres charnues comme un fruit mûr. Ce baiser a coupé le souffle à Jax et, pour la première fois de sa vie,  il a esquissé un sourire.

  • Et quelle est la troisième chose?

Le regard de Jax était sombre et plein de sagesse, se souvenant de ce que l’arbre lui avait dit, il sourit.

  • Ton nom… Pour que je puisse t’appeler.

  • Un corps… Seulement mon nom ?

Jax a hoché la tête

Elle s’est penchée pour chuchoter tendrement “Phialos…” à son oreille.

Alors, Jax, qui avait sorti la boîte noire en fer, a remis dessus le couvercle et a enfermé son nom à l’intérieur. 

  • Maintenant, je possède ton nom. J’ai tous les pouvoirs sur toi. Et je dis que tu dois rester avec moi à jamais pour que je sois heureux.

C’est ainsi que cela s’est passé. La boîte n’était plus froide dans sa main. Elle était chaude et il sentait le nom de la lune à l’intérieur, palpitant comme un papillon de nuit au carreau d’une fenêtre.

Peut-être Jax n’avait-il pas été assez rapide pour clore la boîte. Peut-être avait-il eu du mal avec le fermoir. Ou peut-être était-il simplement poursuivi par la malchance. Car, pour finir, il n’était parvenu qu’à attraper un morceau du nom de la lune, pas son nom tout entier.

C’est pour cela que Jax pouvait la garder près de lui quelque temps mais qu’elle finissait toujours pas lui échapper. Qu’elle quittait sa tour cassée pour revenir dans notre monde. Mais comme il avait un morceau de son nom, elle est toujours revenue vers lui.

Et c’est pour cette raison que la lune est toujours changeante. Et c’est dans sa maison que Jax la garde quand elle n’est pas dans notre ciel. Il l’a attrapée et la garde avec lui. Mais il est le seul à savoir s’il est heureux ou non.



 

Quelques explications sur ce texte de Folquet.

 

L’arbre était bien évidemment Cthaeh, l’arbre autrefois dit Béni, il a manipulé Jax afin de l’aider à accomplir son rêve de la pire des façon qu’il soit car tel est le but de Cthaeh. En volant une partie de la lune, Jax a laissé entrer les ténèbres dans notre monde, autrefois la lune éclairait entièrement notre monde toutes les nuits, désormais, il existe des nuits sans lune, où tout le monde sait qu’il vaut mieux rester cloîtrer chez soi que de sortir, qu’importe la raison.

De plus, les mouvements de la lune l’ont déplacée vers de contrées que nul homme ne devrait voir. Des monstres, voyant la beauté de notre lune dans leur ciel l’ont suivi jusqu’à nos terre  amenant mort et destruction dans notre monde qui était autrefois si paisible sous le regard bienveillant de Phialos’Fen.

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