La Grande Mère : tout savoir sur le culte de
la Reine serpent
Par Giovanni Gusini 729 A.F.
La Grande Mère est une entité régnant dans les mers de Sycarius parfois connue comme déesse protectrice des marins, mais aussi connue pour être la voix grondante derrière les vagues ravageant les bateaux qui osent s’aventurer trop loin les soirs de tempête. Certains naufragés ayant survécu de peu à la noyade racontent avoir eu la chance d’apercevoir cette entité les encourager à vivre et à lutter jusqu’au rivage. Tout compte fait que celle-ci est une déesse qui enjoint les gens à vivre une vie pleine de défis, d’épreuve et d’accepter leurs désirs, mais aussi qui adore mettre les humains aux défis : en somme, quitter leur vie monotone et d’embrasser l’imprévu d’une vie pleine d’embuches.
Le culte de la déesse :
Bien que le nom de La Grande Mère diffère de mer en mer à travers Sycarius s’appelant une fois « la reine des mers » à Karcarak, « le grand Kraken » à Féralis ou même « la Reine Serpent » dans les terres d’Azlan, le culte de La Reine des Mers possède des fidèles dispersés un peu partout depuis bien des temps, et cela est encore plus le cas depuis que le temple principal, situé alors à Carkarac, fut détruit et pillé lors des émeutes qui survinrent lors de l’élection de la reine Caliopé. Depuis ces derniers évènements, le culte se base beaucoup plus sur des groupes d’apôtres voyageant de mer en mer pour porter le culte à de nouvelles oreilles, car les traditions ne peuvent se transmettre que par voie orale et non par écrit, car ceux-ci sont figés dans le temps et donc contraires à la volonté de la déesse, afin de conquérir de nouveau fidèle et, au moins, apprendre la philosophie de vie du culte à de nouvelles personnes. Les adeptes du Grand Kraken ne pensent que seule leur religion est la bonne ou même que tout le monde devrait adhérer à leur philosophie, ils font simplement le nécessaire pour retourner auprès d’elle une fois leur mort arrivée. D’ailleurs une mort au combat est le sacrifice le plus honorable, bien que la plupart d’entre eux aient un certain dégout prononcé pour les lâches fuyant les champs de bataille sans avoir eu à verser leur propre sang sur celui-ci ou ceux qui interrompent des duels d’honneur, qui sont l’un des plus beaux hommages qu’il soit possible de faire à La Grande Mère.
Étant donné le peu de lieux saints officiel et le peu de croyants par rapport aux autres religions de Sycarius, les croyants ayant déjà visité plusieurs mers sont directement promus au rang de prêtre après avoir été validés par les plus hauts gradés de la religion : les porteurs de vérité. Il est dit que ce sont des élus avec qui la déesse communique et à qui on prête des pouvoirs allant par-delà les limites des races de Sycarius. À ce jour personne ne sait comment un prêtre de La Grande Mère devient un porteur de vérité beaucoup soupçonnent que ceux-ci reçoivent en rêve la visite de la reine des mers.
Note d’auteur : bien que certains pensent que Le Grand Kraken ne serait en fait qu’un aspect de Koïo, un esprit Sauvagier ou encore un immense élémentaire d’eau au même titre que les îles éolares. Encore aucun lien n’a pu être prouvé et les prêtres et porteurs de vérité font le nécessaire pour préserver énormément de mystère quant à l’origine de leur déesse.
Les adeptes :
Les adeptes sont tous fidèles aux enseignements de la déesse ils vivent dans le but de la rendre fière, car ils savent que, où qu’ils soient, la grande mère trouvera un moyen de les regarder, que ce soit par leurs reflets dans une flaque d’eau, dans la condensation des nuages et dans le sang et la sueur qu’ils versent sur les champs de bataille. Pour eux finir leurs vies dans l’océan est le plus grand honneur, car, dans ce cas-là, leurs corps et leurs âmes peuvent alors fusionner avec elle et se transformer en vague afin d’aider des naufragés ou bien de briser les bateaux osant la défier, tout cela diffère en fonction de qui était la personne avant de retourner à la mer. Dans le cas où le corps ne peut pas être remis dans la mer l’âme de celui-ci ira dans les nuages avant de retourner à la mer à la prochaine pluie et fusionner ainsi avec La Grande Mère mais cette fois-ci sans devenir une vague. Les adeptes de la Reine des Mers n’accordent que peu d’importance a des richesses matérielles à moins que celle-ci constitue une offrande dont raffole particulièrement leur déesse, telle que les pierres précieuses, tout ce qui est en forme de goutte et même la plupart de bijoux ou vêtement fait à base d’écaille.
On distingue principalement 2 types d’adeptes servant au sein du culte
Les paladins : ils sont le bras armé de la déesse, ils vivent pour la rendre fière, pour eux, la vie est une épreuve dont il faut triompher avec succès en progressant chaque jour comparé à la veille. La plupart ont pour passe-temps la chasse aux monstres, certain sont des mercenaires a embauché ou d’autre servent encore dans des équipages de pirate reconnu comme celui de l’ancien roi des pirates, Sombrepoupe. Le but des paladins est de finir l’épreuve qu’est la vie en rendant fière la Grande Dame.
Les prêtres : ils sont les érudits au service du culte et des croyants. Ils ont pour but d’aider toute personne à continuer son épreuve et non de la réussir. Les prêtres ont des objectifs multiples pour certain, ce sera de soigner et venir en aide les gens dans le besoin, pour d’autre amasser le plus de connaissance possible pour les transmettre aux futures générations ou encore d’accompagner les paladins pour les aider dans leurs missions périlleuses. Les prêtres sont la face visible du culte ce sont eux qui officient les rites funéraires et guident les groupes de croyants actuellement, en l’absence de porteur de vérité depuis l’incident de Carkarac, ils sont donc l’organe vital du culte actuellement.
Un porteur de vérité peut se dévoiler parmi ces deux branches, il est même déjà arrivé qu’une fois un croyant fut choisi par le Grand Kraken .
Les porteurs de vérité :
Les porteurs de vérité sont des croyants ayant un jour reçu la visite de la reine mère dans leurs esprits, leurs pensées ou leurs rêves pour certains, et ce, de manière répétée. Il semblerait que seul un porteur de vérité puisse identifier si un croyant en est devenu un lui-même une fois que son âme est jugée par un autre porteur de vérité, le croyant se voit guidé a un autel dans le temple principal de la déesse pour y recevoir une idole. Par un rituel encore inconnu, il lie son âme à l’idole et prête un serment a la déesse, si celui-ci est accepté, une partie de la Reine des Mers se trouvera alors dans l’idole afin d’aider son porteur à accomplir son serment. Si celui se proclamant porteur de vérité n’en est tout compte fait pas digne, ont dit que les personnes ayant tentées de leurrer la déesse ne purent plus jamais trouver le sommeil ayant des visons d’horreur les envahissants dès qu’ils essayèrent de fermer l’œil ainsi que de la paranoïa, ayant l’impression qu’une ombre les suit encore et toujours.
Cela étant que ceux qui passent l’épreuve avec brio reçoivent des pouvoirs les aidant à accomplir leur serment, mais nuls ne sait quelle est la contrepartie que le Grand Kraken leurs impose. Le vol d’une idole est un péché grave pour les adeptes du culte, parfois puni par la mort pour certaines communautés.
Note d’auteur : Depuis la destruction du temple principal du culte voilà 3 ans dans l’hécatombe survenue à Carkarac on ne trouve plus la trace que de peu de porteur de vérité, voire d’idole, il est fort à parier que ceux-ci purent être tués lors de leur fuite de la ville et que leurs idoles ainsi que celles rester au temple furent volées et réduites dorénavant a de simples objets de collection pour les personnes aisées.
D’où vient le culte ?
On retrouve des traces du culte une petite centaine d’années avant la naissance de l’empire. La légende racontée sur les murs du temple de Carkarac parle d’une créature terrifiant les marins, détruisant tous les bateaux passant alors dans les eaux au sud de Féralis, avalant toutes les cargaisons, tuant les marins les plus braves et ne laissant pour survivant que les quelques âmes chanceuses ayant sauté à temps de leurs bateaux et échappé par chance aux courants sans pitié que déchainait la créature. Les marins ne prirent pas longtemps à lui trouver un nom : Bryached, un monstre immense dont seule la bouche était visible, remplie de récifs acérés en guise de dents dont le trou sans fond avalait tout ce qui avait le malheur de se trouver au même endroit que son propriétaire.
Pendant plusieurs années, peu de personnes n’eurent le courage de traverser les eaux séparant Féralis et Azlan et nombre de disparus vinrent s’ajouter à la liste des victimes de Bryached. Après 3 ans de crainte des marins, les clans Sauvagiers des Ménapiens et celui des Bellovacis firent une alliance dans le but de mettre fin au jour de la créature, car celle-ci nuisait à la vente d’esclave du premier clan tandis que le second, lui, souhaitait tuer la créature, afin de l’ajouter à son tableau de chasse et prouver sa puissance aux autres clans. Une flottille de 5 navires prit donc le départ vers les mers dans lesquels était prétendument Bryached avec à sa tête le capitaine Alçinnor, dont le journal était exposé à l’un des temples de La Grande Mère où j’ai eu la chance de pouvoir le lire pour vous en raconter quelques extraits.
« Ainsi, en ce 7 mai, nous commençons donc la chasse de cette créature effrayant les marchands en mer, je ne doute pas à un seul instant que celle-ci sera couronnée de succès. Ma seule crainte concerne nos alliés : les Bellovacis, ils sont forts et disent être là pour tuer cette créature seulement, mais je crains qu’ils en aient après autre chose, bien que je ne sache pas encore quoi, je vais tenir leurs chefs à l’œil. »
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« 10 mai ; voilà maintenant 3 jours que nous sommes en mers et les problèmes commencent déjà à arriver et, comme par hasard, qui sont donc les heureux élus : nos amis les Bellovaçis. Deux idiots d’entre ont pariés aux cartes, se sont disputé et l’un d’entre eux est passé par-dessus bord. Je l’avais dit qu’il aurait fallu passer une loi interdisant les jeux d’argent à bord, enfin, tant que ce ne sont pas mes hommes, ce n’est pas trop grave, je commence de plus en plus a douté des intentions de nos alliés et j’ai de moins en moins confiance en eux. »
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« 11 mai ; à peine une nuit depuis l’incident du jeu de cartes, voilà qu’un de mes hommes vient me réveiller en pleine nuit pour me dire qu’il a vu un monstre sur le pont, je sens que je vais devoir rationner l’alcool avec ce qui se passe je n’ai pas envie que des ivrognes commencent à faire peur aux équipages. »
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« 13 mai ; le capitaine d’un des autres bateaux est venu me voir en me disant qu’il craint une mutinerie de la part des Bellovaçis je commence à avoir de plus en plus peur le soir. JE NE PEUX PAS ME PERMETTRE D’ÉCHOUER. Hier soir j’ai voulu aller sur le pont, mais j’y ai vu une silhouette qui n’avait pas l’air humaine, je commence à douter moi aussi. »
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« 14 mai ; mes craintes commencent à se confirmer un cadavre a été retrouvé sur le pont du bateau, encore un Bellovaçis. Cependant le pauvre type n’a pas l’air d’être mort d’ivresse : je n’avais jamais vu un cadavre avec autant de trous dedans. Très vite les tensions ont commencé à monter, ils ont accusé les Ménapiens de l’avoir tué. Ceux-ci ont alors rétorqué qu’il avait dû être tué par un des siens comme il y a quelque jour. Je sais que j’aurai sans doute dû intervenir, mais je me vois mal, moi un Alésien, intervenir dans des embrouilles de Sauvagier. À peine j’ai eu le temps de rentrer dans ma cabine j’entendis des bruits de bataille dehors, je me suis dit qu’ils auront vite fait d’en finir sans trop de dégâts : grossière erreur, ça à dégénérer très vite, trop vite à mon gout sans que quelqu’un ou quelque chose ait envenimé la situation. Le mal est fait 8 morts et 31 blessés, comment on va faire maintenant … »
…
« 17 mai ; voilà un moment que je n’ai pas trouvé de temps pour écrire dans ce journal, mais les derniers jours ont été tellement compliqués, d’autres meurtres se sont encore produits et, pire encore, la moitié des hommes restants ont fait défection et sont partit emportant 3 navires avec eux, cela risque d’être compliqué, mais rentrer maintenant ferais de moi la risée de tous les marins. »
….
« 21 mai ; voilà maintenant 3 jours que la flotte a coulé à cause de …….
Ils sont arrivés en pleine nuit le peu d’hommes en forme n’ont rien pu faire en sous-nombre ma seule idée sur le moment a été de ………….
Après seulement peu de temps à l’eau j’ai pu voir l’origine de notre malheur, mais à peine j’ai eu le temps de le voir que Bryached avait créé un ……. Avec sa ……… ce qui m’emporta en plein dedans sans que je ne puisse rien faire. Mais aussi sur……ant que cela puisse paraitre je survécus je ne sais pas si cela fait de moi quelqu’un de ch.…ceux ou l’h……e le plus malchanceux de cette mer. Je crois que mon Jo…l a été abimé enfin ce n’est pas grave, j’ai vu un autre ca…vre non loin j’espère que cela va suffire pour me nour…r pendant quelque jour. »
…..
« Jour 26 c’est fini je ne tr…ve plus rien à manger et je meurs de s..f . C’est fini il y a bien quelque chose que j’ai compris pour s…t…r d’ici, mais je suis trop fai…e il faudrait atteindre le c…r de Bryached et le faire ac…l..er pour lui provoquer un ar…t car…di…e il devrait alors recracher ce qu’il y a dans son est…c je vais faire en sorte que ce journal sorte d’ici en espérant qu’il at…gne la côte que les prochains chasseurs sachent que la créature n’est pas s…… et qu’elle va les …ter les … contre l…. aut… . »
Extraits du journal du capitaine Alaçinnor, porté disparu en mers.
Les légendes racontent que la Reine des Mers alors inconnue de tous, arriva sous les traits d’une jeune femme en barque, aidant les marins qui menaient alors la deuxième expédition de chasse contre Bryached les guidant vers la survie et, lorsque la bouche de celui-ci apparu, elle sauta dedans laissant entrevoir des tentacules verts spectraux devenant par la suite son symbole. Nul ne sait quel affrontement eu lieu alors à l’intérieur du monstre le fait est qu’après 3 jours de conflit les marins rester sur place furent frappé d’une vision et, lorsqu’ils revinrent sur la terre ferme, ils se dirent porteurs d’une vision nouvelle. Ils devinrent ainsi les premiers adeptes de La Grande Mère. On n’entendit plus jamais parler du monstre et la voix derrière les vagues, devenant alors la protectrice de cette mer, les fresques murales du temple disent que Bryached fut tué et son cadavre coula au fond des abysses en n’ayant plus aucune chance de revenir un jour à la surface. Certain disent que la Grande mère a en fait fusionnée avec Bryached afin d’obtenir sa puissance ou d’autre encore plus farfelus disent que la déesse et Bryached sont enfaite la même entité. Le fait est que les seules preuves de l’avènement de la reine serpent se trouvaient sur la fresque murale du mur du temple de Carkarac qui sont maintenant en ruine.
Voici l'histoire du porteur de l'idole de la Grande Mère
Werner Van Ross
Je suis née dans la famille des Van Ross en 712 A.F., les Van Ross étaient une petite famille de propriétaires terriens possédant diverses terres et propriétés dans le centre de l’empire alors gouverné par l’empereur Gavilar. Ma famille n’a jamais manqué de rien et on peut même dire que j’ai eu droit à une enfance que la plupart des populations de l’empire considéreraient comme privilégiée. J’eus le loisir d’aller à l’école, de faire des leçons privées pour réguler le domaine de la famille plus tard, de faire mes armes autour de maitres très compétents et même de passer du temps avec ma famille. À l’époque, j’étais déjà d’une faim insatiable quant au fait d’obtenir des connaissances avec une préférence pour ce qui touchait au monde de l’occulte. La seule chose que j’aimais plus que la récolte de connaissance fut de passer du temps avec ma petite sœur Emilia, née 4 ans après moi. Je me souviens avoir été ce grand frère protecteur pour elle, me battant plusieurs fois auprès de garçons l’ennuyant et rentrants couvert de coup, mais avec le sourire aux lèvres du fait d’avoir su protéger ma petite sœur. Petit j’étais déjà comme maintenant impulsif, impatient et, malgré ma raison et mes connaissances approfondies sur bien des choses, j’avais une préférence pour résoudre mes conflits par la violence. Ma mère en avait eu des blessures à panser.
Vers mes 10 ans, toujours dans le but de parfaire mes connaissances, je partis étudier pendant un an chez mon oncle, à la bibliothèque de la ville d’Ouestmarche, je me souviens encore de la fierté portée dans les yeux de mes parents au moment de mon départ, cependant, je ne peux encore que me souvenir de la déception dans les yeux d’Emilia. Cette année d’étude à Ouestmarche fut plus que bénéfique, du haut de mes onze ans j’en savais déjà plus que la plupart des habitants de l’empire, ce qui « me promettrait à un avenir radieux », comme me disait mon père. À mon retour les choses n’avaient pas l’air d’avoir trop changé durant cette année d’absence et je passais une bonne semaine à simplement aider aux tâches du domaine. Cependant, j’ai bien remarqué que ma chère sœur Emilia avait changé depuis mon retour. Elle affichait un air triste et n’était que très vague avec moi. J’eu peur qu’elle ait pris mon année d’étude pour de l’abandon et souhaite lui en parler, mais, avant d’avoir eu le temps de le faire, mon père me coupa l’herbe sous le pied et demanda toute la famille dans le grand salon de notre demeure. Je sus que quelque chose n’allait pas directement après être rentré dans cette pièce. Père affichait son ton grave, celui qu’il ne fait que lors de ses négociations avec ses clients, mère affichait quant à elle un air bien plus stressé que d’habitude et, quant à Emilia, elle n’avait plus son air triste, mais c’est bien un visage rempli de peur et de stress que je voyais là. À peine j’eus le temps de m’asseoir sur mon fauteuil fétiche que père lança d’un ton sec : « Emilia va se marier. »
J’en eut le souffle coupé, ma sœur n’avait alors que 7 ans je ne pouvais pas concevoir qu’elle allait se marier. Je n’eus pas même le temps de rétorquer que mon père y répondit :
« Elle va se marier au baron Ferdinand Stroggos »
À peine j’eus entendu ce nom que mon sang se glaça, le baron Ferdinand Stroggos était un notable de la région connue principalement pour être un immense distributeur de céréales dans l’empire, mais aussi pour avoir été soupçonnée d’avoir battu et tuer sa précédente femme. Je compris d’un coup le comportement d’Emilia et me préparai à me lever et faire part de ma désapprobation quand mon père dit :
« Le mariage aura lieu dans 3 jours et Emilia emménagera dans la demeure du baron à la suite de cela. Le voyage nous prendra ces trois jours, donc prépare tes affaires nous partirons demain à l’aube. »
Lorsque j’entendis ça, je me levai et hurla sur mon père que je m’opposais à cette union, que le baron avait 40 ans, que ma sœur en avait 7, qu’encore une fois, il faisait passer le profit du domaine avant le bonheur de sa famille et je me jetai sur lui en l’empoignant par ce que je pouvais atteindre ce à quoi mon père répondit par une solide gifle m’envoyant au sol du haut de mes onze ans.
Je me souviens être resté là, à pleurer, alors que mes parents quittaient la pièce. Je sentis les bras de ma chère et tendre sœur m’entourer sans rien dire, car nous ne savions pas quoi nous dire et nous mentir en nous disant que tout va bien aller ne mènerait nulle part. Je me souviens que nous nous sommes endormis là, l’un contre l’autre, jusqu’à ce que nos parents viennent nous trouver au matin, nous emmenant, résigner, dans les calèches censées nous escorter vers le début des souffrances de ma sœur. Au fond de moi je refusais toujours cette idée et c’est ainsi qu’à la deuxième nuit du voyage, moi et Emilia décidâmes de fuir dans les bois. Hélas nous fument très vite repérer et rattraper par nos parents accompagnés de notre escorte qui prirent ma sœur par le bras, la tirant. À notre plus grand malheur, il semblerait que les cris qu’Emilia et moi étions en train de pousser attirèrent une tout autre chose que nos parents : un groupe de peaux vertes. J’eus à peine le temps de me cacher derrière un arbre, mais, bien que je n’avais aucune vision, j’entendis tout. Les peaux vertes achever mon père, ma mère, et ma sœur , notre escorte s’enfuir comme des lâches, moi j’étais là, impuissant, tout juste capable d’écouter les peaux vertes piller et achever ce qu’il restait de notre caravane. Ainsi, quand ils eurent fini de piller ce qui restait de nos affaires, ils partirent sans le moindre remords, le moindre souci, la moindre compassion pour ce qu’ils venaient de faire. Ils me laissèrent là, avec les corps sans vie de ma famille, dans le noir complet, me laissant contempler mon impuissance et le résultat de mes actions. C’est dans ce contexte que je m’endormis seul à quelque pas de cette scène épouvantable causé par ma faute, sanglotant à nouveau sans que cette fois-ci, Emilia puisse venir me réconforter.
Dès le matin, alors que j’ouvrais les yeux, le doux espoir que tout ceci ne soit qu’un cauchemar se brisa dès le moment où je vis le cadavre de ma mère. L’odeur que dégageait le lieu ne tarda pas à attirer plusieurs charognards, me forçant à quitter ma famille ainsi que mes affaires. Pour les locaux, le reste de mes proches ainsi que ma future belle famille, la famille Van Ross, avait péri dans une attaque de monstre et aucun d’entre eux n’en avait réchappé. Bien que cela m’attristait, je n’avais aucune envie d’hériter du domaine pour finir comme mon père. J’étais sûr que ma disparition ravirait mon oncle et que cela ne devrait pas trop me poser de problème, personne en dehors de la région ne connaissait la petite famille des Van Ross. À peine j’eus le temps de marcher quelque heure que je fis la rencontre de quelques voyageurs allant dans le même chemin que moi, enfin c’est ce que je leur ai dit, étant donné que je n’avais pas vraiment de chemin que je suivais, prit de compassion par un enfant voyageant seul ils m’ont partagé leurs rations jusqu’à notre séparation, je fis de même avec plusieurs autres groupes de voyageurs jusqu’au jour où ma route croisa celle d’un groupe ma foi plutôt étrange, ils se disaient adeptes d’un culte : celui du Grand Kraken. Malgré ma culture je n’en avais jamais entendu parler. Curieux d’en savoir plus, je décidai donc de faire voyage avec eux un peu plus longtemps que je l’avais prévu, découvrant de plus en plus chaque jour les mœurs du culte des personnes m’entourant, et me passionnant encore davantage en cette déesse qu’était la Grande Mère. Alors, ma décision fut prise au moment où j’allais me séparer de ce groupe, je leur racontais une partie de mon passé et leur ait demandé de me laisser les rejoindre jusqu’au temple principal. À ma grande joie, ceux-ci acceptèrent et je les rejoignis dans leur voyage jusqu’au temple sans savoir encore tout ce que cette décision allait engendrer dans ma vie.
Après quelques semaines de voyages nous arrivèrent dans la ville abritant le temple principal du culte : Carkarac. J’avais déjà dévoré des livres entiers sur cet endroit, le décrivant dans ses moindres détails, détaillant ses moindres habitants, je ne pouvais quand même pas y croire mes yeux. Cette ville regorgeait d’agitation : les commerçants qui se hurlait dessus, les marins et pirates revenus d’expédition célébrant leurs trouvailles une bière a la main, les filles de joie draguant tous les hommes qui passaient dans les rues dans l’espoir qu’ils payent une nuitée avec elles, en bref, tout dans cette ville respirait la liberté . Bien à l’inverse de ma bourgade d’origine où, bien souvent, la seule agitation venait d’enfants commettant des bêtises et fuyant afin de ne pas se faire réprimander par les adultes. Je suivis de près celui qui allait devenir mon nouveau mentor : le père Auguste, un prêtre qui semblait être le chef du groupe que j’avais décidé de suivre et avec qui j’avais beaucoup sympathisé pendant le voyage. À notre arrivée, je pus reconnaitre directement le temple. C’était de loin l’une des plus grandes bâtisses de l’endroit, je m’étonnais d’ailleurs que celle-ci n’eût pas été pillée plusieurs fois, mais le père Auguste me répondit qu’aucun habitant de Carkarac ne voudrait se mettre notre déesse à dos. Auguste me fit attendre dehors le temps de s’entretenir d’affaires « privées » avec le chef du temple, il revint deux heures plus tard me signalent que l’on m’accordait une chance de devenir apprenti prêtre du culte, ce qui me garantira un logement, des compagnons, de la nourriture et surtout le soutien de la Reine des Océan. Je décidais d’accepter la proposition qu’Auguste me tendait et alla me coucher, car ma cérémonie se ferait le lendemain matin à l’aube.
À peine levé, Auguste vint taper à ma porte, me donnant un bout de parchemin et me demandant de mémoriser ce qu’il y avait écrit dessus en chemin. Sur celui-ci était écrit ce que j’imaginais être un serment sans doute ancestral, récité par les aspirants à la prêtrise de la Grande Mère :
« Ici, aujourd’hui, et ce, jusqu’à la fin de ma vie, je me dévoue corps et âme au précepte de ma divinité la reine des Océans, ses ennemis seront miens, mon âme sera sienne, et ce même bien après que je rende mon dernier soupir. C’est ici dans cette mer que je prête, devant un porteur de vérités, serment de la même manière que ceux m’ayant précédé, pour que la vie en Sycarius ne puisse jamais s’arrêter. »
J’eus à peine le temps de réciter le serment dans la mer, entouré de témoins que je vis de l’inquiétude envahir le visage du père Hugo, et sans avoir le temps de poser la moindre question, je reçus un coup à la tête ou quelque chose comme ça. Lorsque je me suis réveillé, j’étais au fond de l’océan sans savoir pourquoi, me posant 1000 questions : est-ce que j’avais échoué ? C’était donc comme ça que mon histoire allait se terminer ? Pourquoi Auguste en qui j’avais tant confiance, ne m’avait-il pas averti que je pouvais mourir si j’échouais ? Alors que toutes ces questions se battaient entre elles dans ma tête, qui ne trouvait alors aucune réponse, j’entendis une voix qui me sembla familière dans ma tête, sans arriver à discerner de qui elle pouvait bien provenir je me mis à l’entendre de plus en plus nettement. C’était une voix féminine, douce, enfantine et me rappelant un certain sentiment de réconfort. Sans chercher à me dire qui elle était, je l’entendis soudain m’encourager à ne pas baisser les bras, nager jusqu’au rivage, alors je pris les conseils de cette voix comme acquis et me mit à nager de toutes mes forces, et ce, quels que fussent les obstacles qui m’en empêchaient ; que ce soit ma fatigue ou les voix de ma peur me disant de me rendre à l’évidence. Je ne les écoutais déjà plus, plus jamais je ne me laisserai diriger par des émotions aussi futiles que la peur et l’angoisse. À partir de maintenant, je lutterai pour le monde, et ce au détriment de ma vie s’il le faut, j’étais enfin prêt à me sacrifier corps et âme comme je l’avais récité dans le serment. C’était décidé. Je me battrai alors chaque jour pour que plus un enfant en Sycarius n’ait plus jamais à subir des sentiments comme moi ou Emilia, j’aspirai à un monde où aucun n’enfant n’aurait à vivre dans la peur, l’angoisse ou le désespoir.
Après plusieurs minutes de nage, j’arrivai enfin aux abords du temple. Là, je vis Auguste faisant les cent pas à l’endroit où j’avais prononcé mon serment quelques minutes, ou quelques heures auparavant. En réalité je ne savais pas combien de temps s’était écoulé, si ce n’est que l’aube était déjà bien loin à la vue du soleil haut dans le ciel. Lorsqu’il me vit, Auguste m’appela et à peine eus-je le temps de sortir de l’eau avec mes seuls vêtements qui étaient maintenant trempés qu’il me prit dans ses bras, me disant qu’il avait tellement craint que je ne revienne pas, que j’abandonne, que je me noie et qu’il ne me revoie plus jamais. Après être revenu dans le chœur de l’église, je me fis féliciter par le prêtre avec qui Auguste discutait le soir d’avant. Celui-ci m’a convaincu de monter avec lui dans son bureau afin que je lui parle plus en détail de ce qu’il s’était passé dans l’océan. Une fois en haut, je compris plusieurs choses après avoir expliqué mon histoire : tout d’abord, selon le prêtre, la voix que j’avais entendue était celle de la déesse, et que j’étais très chanceux, car très peu de personnes avaient la chance de l’entendre dans leurs vies. Ensuite, que le prêtre avec qui je parlais depuis tout à l’heure et a qui je ne faisais que jeter des regards noirs depuis la veille, et ce, jusqu’à la cérémonie, était en fait ce qu’on appelait un Porteur de Vérité, la plus grande distinction au sein du culte. Ceux-ci ont la chance de pouvoir, on ne sait comment, communiquer avec la déesse. Celui-ci me promit un avenir de prêtrise, voir de pouvoir atteindre jusqu’au rang de Porteur de Vérité, car j’avais, selon lui, déjà eu visite de la déesse démontrant une certaine affinité avec elle. Ainsi avait donc débuté ma nouvelle vie au sein du culte de La Grande Mère.
Mes débuts furent bien évidemment facilités par ma soif de connaissance d’avant, lors de mon apprentissage, j’étais déjà bon élève et plusieurs de mes pairs reconnaissaient mes talents. Le peu de personnes jalouses se contentait de ruminer leurs poisons dans leurs coins, sans que cela ne puisse m’atteindre. Alors, après seulement quelques années d’étude, je fus envoyé régler quelques problèmes de Carkarac. La plupart de ceux-ci étaient de la simple médiation, ce qui avait le don de m’ennuyer. Je préférai largement les missions me permettant de protéger les plus faibles ainsi que celle visant simplement à soigner certains des plus démunis. J’excellai dans ces deux dernières, ce qui m’attira un certain respect de certains fidèles. Je commençai à me faire une petite réputation parmi les fidèles. 3 ans après mon arrivée au temple, un événement vint secouer la petite routine dans laquelle je m’étais installé, le chef du temple, venait de passer l’arme à gauche et il fallut lui désigner un remplaçant. De toute part de Sycarius arrivèrent des adeptes, mais aussi des prêtres et paladins du culte. La plupart venaient seulement pour assister à l’enterrement de l’ancien porteur de vérité, mais, en coulisse, je n’étais pas dupe. Je savais bien que la plupart des autres personnes présentes souhaitaient obtenir sa place, je compris alors très vite qu’un vote allait se mettre en place pour élire un nouveau chef du temple principal, ainsi que vérifier la possible présence de nouveau porteur de vérité. Alors, lorsque toutes les grandes têtes rentrèrent avec Auguste dans cette salle de réunion que je n’avais jamais vu être utilisée, je compris que quelque chose se jouait. Bien que je ne puisse rien y faire, je pris la décision de m’asseoir là, en attendant la sortie de ceux-ci. Plusieurs heures plus tard, je vis enfin les premières personnes sortir de la salle, certains semblaient irrités, d’autres énervés, bien que la plupart d’entre eux affichaient des airs satisfaits. Après plusieurs minutes d’attente, je vis enfin Auguste sortir de la salle accompagnée de plusieurs personnes semblant le féliciter. Je compris bien vite une chose : Auguste était devenu le nouveau chef du temple, mais celui-ci m’apprit autre chose une fois que j’étais seul avec lui, il était devenu un Porteur de Vérité et il allait donc par ce biais hériter de l’idole du temple principal, réputée pour être la plus puissante de toute celle détenue par les porteurs de vérités.
Une année après la passation d’idole à Auguste, celui-ci vint à moi avec une idée en tête. Il voyait bien que faire des petites missions m’ennuyait déjà depuis quelque mois, surtout que je n’étais pas le seul. Il me présenta à deux autres garçons qui semblaient avoir mon âge : Illai et Eisric. Une fois dans son bureau, Auguste nous proposa une idée : former une équipe ayant pour but de régler des problèmes avant qu’ils ne surviennent et deviennent trop problématiques. Elle avait aussi pour but d’intervenir plus vite qu’un groupe de paladins normal. Un peu par ennui et surtout désireux d’action et d’élargir mes horizons j’acceptai et ainsi commença un nouveau chapitre de notre vie j’avais alors 15 ans.
Notre équipe mena à bien plusieurs missions nous n’étions pas toujours couronnés de succès, parfois même celle-ci tournait au fiasco total, cependant, nous étions d’une efficacité exemplaire dans la plupart des cas et devinrent rapidement un atout de poids pour le culte et j’étais fier de pouvoir dorénavant aider celui qui m’avait tendu la main des années auparavant, le père Auguste.
Cependant cette situation presque idyllique finit par changer en une triste matinée de printemps de l’année 729. Alors que nous rentrions d’une mission nous ayant pris beaucoup de temps, nous étions en train de rentrer vers le temple, ne pouvant que nous hâter en voyant l’état dans laquelle était la belle Carkarac. Je savais que la mort de Sombrepoupe avait laissé un certain nombre de faiblesses dans la ville, mais je ne m’imaginais pas à tomber sur une ruine encore en train de bruler. L’élection du nouveau roi des pirates avait dû se produire sans que je soupçonne que celle-ci était la principale cause de toute l’agitation dans la ville. J’eus hélas ma confirmation en demandant à des pirates fuyant alors le port : une émeute avait eu lieu lorsque le capitaine Cuivresel avait tué le capitaine Skar, qui venait d’être couronné en tant que nouveau roi des pirates. Craignant le pire, nous nous sommes alors précipités vers le temple, une fois là-bas, personne ne nous accueillit, seulement la porte principale du temple qui semblait avoir été défoncée par une horde de personnes. Nous fîmes le tour du temple ne trouvant que des cadavres de cultiste, prêtre, paladins ainsi que ce qui semblait être leurs assaillants, pendant un moment le pire me traversa l’esprit, je courus alors de toutes mes forces jusqu’au bureau d’Auguste priant pour le trouver intact. À peine avais-je eu le temps d’ouvrir la porte que l’horreur m’envahit : le bureau avait été en proie à un carnage. Dedans se trouvaient de nombreux cadavres que je reconnus. Parmi eux un grand nombre d’anciens compagnons d’études ainsi que plusieurs paladins m’informèrent Eisric et Illai. J’aperçus très vite une petite silhouette recroquevillée sur elle-même, trouée par de multiples coups de couteau, se tenant fermement à un livre. Je reconnus immédiatement ce dos que j’avais suivi plus de fois que j’avais lu de livre, ces mains qui m’étaient tout le temps tendues, que l’âge avait déjà rendues toutes fripées. Je dus alors contenir un torrent de l’arme que j’espérai ne plus jamais voir couler sur mes joues depuis l’attaque des peaux vertes. Par chance, l’ouvrage que son cadavre tenait dans ses mains me permit de contenir mes larmes : il s’agissait du journal d’Auguste. Je pris la décision de le lire à voix haute afin de mieux comprendre ce qu’il s’était passé ici en cette nuit fatidique. Je pris connaissance de plusieurs choses : les tambourinements incessants sur les portes du temple, la fuite des plus lâches emportant les dernières barques avec eux, abandonnant à une mort certaine ceux restés sur place n’ayant pas eu le temps de fuir, le moment de terreur ou des foules hystériques finirent par passer la porte, les combats et morts dans tout le temple et pour finir la retraite dans son bureau avec les derniers prêtres et paladins restants. La dernière page avait été arrachée, Auguste la tenait fermement dans sa main, dedans étaient notés quelques derniers mots nous étant destinés :
« Cher Werner, Illai et Eisric, si vous lisez ceci c’est que la Grande Dame a rappelé mon âme jusqu’à elle. J’ai pour vous une dernière mission : j’ai caché l’idole du temple dans la salle de réunion dans un pilier, déplacez quelques briques et vous la trouverez. Il faut que vous lui trouviez un nouveau porteur digne, parcourez le monde en cherchant le peu d’adeptes du culte restant, aider la population comme vous le pouvez afin que notre déesse ne devienne pas qu’une légende et n’oubliez pas l’objectif de votre équipe. Je regrette de ne pas pouvoir vous aider dans cette mission, mais je sais que vous pourrez la réussir si vous gardez la fois que ce soit en la déesse, mais aussi en vous-même. »
Alors, nous nous mirent à la recherche de cette idole et finirent par la trouver quelques minutes plus tard. Je la pris en main inconsciente des dangers me guettant et sans que je sache pourquoi je sentis soudain une sensation étrange, comme si j’étais en train de flotter dans la mer, la sensation était douce, mais, très vite celle-ci se transforma en une sensation de noyade. Je pris alors la décision de faire comme des années auparavant : de nager jusqu’à la surface, une fois là-bas, je ne pus trouver qu’une barque et un océan ayant des horizons infinis. Je pris un moment afin de monter sur la barque et m’asseoir et à peine avais-je eu le temps de m’installer que j’entendis la même voix qu’il y a des années, bien que celle-ci avait l’air changé, elle semblait plus triste, moins enfantine, plus sérieuse, je me souviens d’elle me parlant :
« Je t’écoute toi qui veux t’approprier ma puissance, pourquoi penses-tu la mériter ? »
J’eus à peine le temps de dire que je ne comprenais pas qu’elle me posa une question.
« Tu ne sembles pas comprendre : pourquoi as-tu pris cette idole ? »
Je compris alors à ce moment-là que les idoles n’étaient pas de simples objets de rituels ou amplificateur de puissance que se coltinaient les Porteurs de Vérités, mais qu’elles étaient belles et des fragments de puissances offerts par ma déesse à ceux-ci.
Je lui expliquai donc ma situation dans une panique comprenant par la même occasion que la personne avec qui je conversais était en fait la déesse que je vénérai.
« Je vois que ce massacre est attristant, mais ne doit pas vous empêcher d’avancer. Très bien je vous laisse emporter ce réceptacle, alors allez porter la parole de la Reine des Océans, trouver une personne digne de porter la puissance des océans à bout de bras et si vous trouvez une âme vous paraissant digne, faites-lui plonger sa main dans l’idole et vous saurez si c’était la bonne. »
À la suite de ces mots, la déesse m’apparut sous des traits familiers : ceux de ma chère sœur Emilia. Sans dire un mot, celle-ci s’approcha de moi, me souhaitant un bon voyage et me poussant hors de mon embarcation, me laissant dans l’océan et fermant mes yeux alors que je m’enfonçais dans les abysses de mon esprit. À mon retour de cette discussion qui m’avait semblé durer plusieurs minutes, je sentis alors une main se poser sur mon épaule, c’était Illai, celui-ci me demandait si tout allait bien, que je m’étais immobilisé depuis une minute après avoir pris l’idole. Je pris alors un instant pour me poser avant de raconter tout ce qu’il s’était passé à mes deux compagnons, espérant que ceux-ci me croient. À la fin de mes explications, ceux-ci furent désorientés, mais acceptèrent très vite cette nouvelle mission, après tout, vu les commanditaires, nous ne pouvions pas nous permettre d’échouer. C’est suite à cela que nous prirent toutes nos affaires restées au temple et n’ayant pas encore été pillées, et partit explorer le monde à la recherche de quelqu’un qui serait digne de porter cette idole. Passant de ville en ville, parfois croisant des apôtres itinérants du Grand Kraken sans qu’aucun d’entre eux ne puisse taper dans notre œil comme étant un nouveau porteur de vérité. Notre voyage dura plus de 5 ans durant lesquels nous passions notre temps à parcourir le monde allant de village en village, tuant les monstres les menaçant contre un repas chaud et un toit sur la tête pour dormir, sans trouver la moindre personne digne d’hériter du pouvoir de la déesse et croisant de moins en moins de groupes d’adeptes au fil des années. C’est lors d’un voyage en Azlan que nous entendîmes parler d’une ville nommée Chabarazad, celle-ci était alors assiégée par une armée d’orcs. Ne souhaitant pas que les enfants de cette ville subissent un sort tragique, je réussis à convaincre mes deux compagnons d’aller porter de l’aide aux habitants de la ville. Nous fîmes escale dans un petit village après avoir payé à l’aide de nos dernières économies un bon repas chaud a la taverne de celui-ci et n’ayant plus d’argent pour se payer une nuit à l’auberge, nous prirent la décision de marcher un petit peu jusqu’à ne plus voir les lumières du village. Là nous prîmes ce qui allait être notre dernier sommeil réparateur avant un long moment. Sans que nous le sachions alors. En pleine nuit, nous furent réveillé par une attaque orcs, à peine parvenions nous à en repoussé qu’il en arrivait de nouveau. Je pris alors la décision de dire à Eisric de prendre l’idole et de courir avec aussi loin que possible, la pire des choses serait que l’idole tombe entre les mains de peaux vertes, après une dizaine de minutes, nous tombèrent, assommé par nos assaillants bien trop nombreux sans connaitre le sort qu’ils nous réservaient, mais content de les avoir empêchés de corrompre l’idole de notre déesse.