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Le journal de Claude
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An 18 de la reine Angrobode. J’ai récemment commencé à écrire un journal intime afin de mieux gérer les sentiments qui me troublent. Il y a quelques mois, ma chère amie Lucienne a été promue au rang de première chercheuse du royaume. Une véritable fierté pour les habitants de notre ville. Une scientifique d’Obsidelle qui a atteint le plus haut rang au sein même de la capitale. Tout le monde s’était mis sous ses plus beaux habits pour la fête qui a suivi. Même ma sœur Tullia a accepté de se déplacer pour participer aux festivités, ce qui montre l’importance de l’événement. Malheureusement, Lucienne a annoncé qu’elle devait voyager vers Mû pour accomplir une tâche qui lui a été confiée par les hiérophantes. J’ai essayé de lui en parler plus en privé, mais elle n’a pas voulu développer le sujet. Je comprends, c’était sa dernière soirée sur Borélia et il est normal qu’elle préfère passer son temps à s’amuser plutôt qu’à parler de son travail.
Je dois malgré tout avouer me sentir un peu seul. Saga a d’abord été déployée pour gérer un avant poste en Azlan et maintenant c’est à Lucienne de partir pour le continent de Mû. Je pense que je vais déménager de la capitale pour retourner à Obsidelle. Après tout, ils ne refuseraient pas un médecin de la cour royale, surtout si sa ville natale est Obsidelle. Cela devrait me permettre de me changer les idées et de passer plus de temps avec ma sœur Tullia.
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Cela fait plusieurs mois que j’ai installé ma clinique à Obsidelle et les gens sont toujours aussi chaleureux que dans mes souvenirs. Ma sœur Tullia m’a présenté à son compagnon, un jeune artiste du nom de Maximilien. Nos premières rencontres se sont très bien passées et il s’est révélé être une personne fascinante. Cependant, qui aurait pensé qu’une historienne aussi structurée que Tullia pourrait s’entendre avec une personne aussi désordonnée que Maximilien. J’ai vu son atelier et il ressemblait plus au nid d’un griffon qu’à un endroit habité par un humain.
Oh et j'ai promis à ma sœur que je l’inviterai dans ma demeure pour organiser une soirée avec les anciens étudiants de notre faculté. Je note ça ici pour ne pas l’oublier.
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An 19 de la reine Angrobode, les jours sont heureux, mais je ne peux m’empêcher de penser à Saga et Lucienne. Nous entretenions une communication épistolaire depuis leur départ et plus aucune lettre ne parvient de nos avant-postes hors de Borélia. Est ce que tout cela a un rapport avec ce Grand Dévoreur dont les gens commencent à parler. Je dois bien admettre que cette vie de médecin de quartier est moins stressante que mon ancien travail. Cependant, quand j’étais médecin de la cour, avoir accès aux dernières informations était beaucoup plus simple. Je suis convaincu que les hiérophantes nous cachent quelque chose.
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Les habitants de la ville sont paniqués. De plus en plus de personnes sont recrutées pour se battre contre ce grand dévoreur en Azlan, mais aucune de nos compagnes ne semble réussir. J’ai utilisé mes contacts pour empêcher l’enrôlement de Maximilien dans l’armée. Dans quel monde vivons-nous si les peintres doivent échanger leurs pinceaux pour des lames ?
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Des créatures étranges commencent à apparaître dans les bois autour d’Obsidelle et il semble que ce problème soit propre à toute l’île de Borélia, voire au monde entier de Sycarius.
Tullia a décidé de venir m’aider à la clinique. Ces nouvelles créatures de l’engeance, comme les hiérophantes les appellent, sont extrêmement dangereuses. Certaines des plaies que je vois ne peuvent être uniquement soignées avec mes simples connaissances techniques. Il semble que je vais devoir me remettre à utiliser mes livres de magie sur la guérison.
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La situation a complètement dégénéré. L’Oracle s’est télépathiquement connecté à tous les habitants de l’île pour nous communiquer un message. Il semble que le Grand Dévoreur représente une menace plus grande que nous le pensions. Nos troupes et nos avant-postes sur les autres continents ont été vaincues. Pire, les créatures de l’engeance semblent sortir des “puits” et ces trous peuvent apparaître partout et ce même sur notre île. Cela explique pourquoi le nombre d’engeance ne cesse d’augmenter de jour en jour. J’imagine que je ne reverrai jamais Lucienne et Saga. Mon cœur souffre et ma plume est alourdie par le simple fait de devoir écrire ces mots.
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Il semble que même dans les heures les plus sombres, le soleil brille sur certains jours. Tullia et Maximilien m’ont invité à dîner pour m’annoncer une grande nouvelle. Tullia est enceinte. Je vais être un oncle. Dans quel monde cet enfant va-t-il devoir grandir ? Une des nombreuses questions auxquelles je ne peux pas répondre…
J’ai décidé de donner des congés à Tullia. Je trouverai d’autres personnes pour m’aider à la clinique. Ma sœur doit penser à son enfant avant tout et ça devrait lui permettre d’un peu se reposer. Trop de choses se sont passées ces derniers mois. J’ai peur que notre civilisation ne se trouve au bord du gouffre.
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La capitale est tombée. Il semble que les créatures de l’engeance sont mieux organisées que nous le pensions. Aux dernières nouvelles, la reine Angrobode est décédée et avec elle une grande partie des hiérophantes. Notre royaume n’est plus, mais tout n’est pas perdu pour autant. L’Archidruide et l’Oracle sont toujours là pour guider notre peuple et la contre-offensive suit son cours. Selon les dernières informations, l’Archidruide aurait déjà réussi à fermer plusieurs des puits d’engeance sur l’île. J’ai peur que d’autres ne continuent à s’ouvrir dans le futur.
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Un puits gigantesque est apparu aux abords de la ville. Des engeances ne cessent de sortir et un recrutement général a été lancé. Je n’ai pas été enrôlé car je suis déjà médecin pour nos soldats. Tullia n’est pas non plus recrutée grâce à l’enfant qu’elle porte. Malheureusement, Maximilien n’a pas pu échapper à son enrôlement. Il part demain. Ce soir nous allons avoir notre dernier dîner ensemble.
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Cela fait une semaine que le puits est apparu et les nouvelles du front sont mauvaises, j’espère que Maximilien va bien. La situation à Obsidelle n’est pas meilleure. Nous étions déjà surchargés de blessés, et les pénuries de nourriture commencent à amener d’autres problèmes avec elles. Je crains qu’une épidémie ne tarde à se répandre dans la ville. Notre magie a beau être efficace, elle ne peut pas tout soigner.
Je m’inquiète aussi pour Tullia. Depuis le départ de son mari, elle passe l’entièreté de ses journées dans l’ancienne bibliothèque. Peut-être que je devrais passer plus de temps en sa compagnie pour lui changer les idées. C’est plus facile à dire qu’à faire… Je me sens tellement fatigué.
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Tullia est arrivée tôt ce matin, elle semblait troublée et enthousiaste à la fois. Elle m’a amené un livre étrange qui était caché dans la réserve de la bibliothèque. Selon elle, ce livre aurait les informations qui nous permettraient de sauver la ville. En effet, il y aurait une grande puissance enfermée non loin d’Obsidelle, plus précisément à la tombe d’Enkidur. Je me suis déjà rendu là-bas par le passé et il n’y a rien à part une statue et des mémoriales en l’honneur de la défunte reine. Je ne sais pas si Tullia a raison ou non. Après tout, il y a bien des secrets sur cette île, mais je ne peux pas juste suivre sa lubie et l’accompagner là-bas. Si je pars, la ville risque de perdre un de ses derniers soigneurs.
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Maximilien est rentré ce matin. Lui et quelques survivants ont réussi à retourner jusqu’à Obsidelle. C’est officiel, la ville va tomber. Certains mages et combattants qualifiés ont proposé de ralentir les créatures de l’engeance pour que les habitants puissent fuir, mais pour aller où ? Aubeport et Ancalaloria sont à plusieurs jours de marche et nous devrions traverser un territoire hostile sans même savoir si ces villes résistent encore à l’engeance. Nous pourrions monter plus haut dans la montagne pour tenter de rejoindre la source de vie. Cependant, rien n’assure que l’Oracle et ses Hirvesk nous défendrons.
Nous sommes seuls. Je peux sentir la main froide de la mort sur mon épaule. J’en ai des frissons. Je l’ai toujours vu, cette lueur dans les yeux de mes patients alors que le crépuscule de leur vie approche. Désormais, quand je me regarde dans le miroir, je vois cette lueur dans mes yeux.
Je ne fuirai pas mon destin, mais je ne mourrai pas sans me battre.
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Ce matin, Tullia et Maximilien se sont présentés à ma porte accompagnés d’une poignée de vétérans. Ils sont tous convaincus que le secret caché dans la tombe d’Enkidur pourrait sauver notre ville. Je n’avais jamais vu Tullia aussi déterminée, je ne pense pas pouvoir l’empêcher de se joindre à cette expédition. Malgré tout, sa santé est fragile et son enfant ne devrait pas tarder à naître. Je ne peux pas la laisser partir sans la présence d’un médecin et il se trouve que je suis l’un des derniers de la ville. Je partirai demain à l’aube pour accompagner l’expédition jusqu’à la sépulture.
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J’ai décidé d’emporter mon journal dans ce voyage afin de documenter les découvertes qui pourraient être faites et, pour être sincère, afin de donner mon histoire si quelqu’un devait uniquement trouver ce journal à côté de nos dépouilles.
Nous sommes arrivés ce matin devant la tombe d’Enkidur, un lieu de recueillement connu de Borélia. Comme dans mes souvenirs, il n’y avait rien de marquant à l’endroit, mis à part la gigantesque statue de la défunte. C’est alors que Tullia, avec l’aide de son livre, nous a permis de trouver une entrée secrète cachée derrière la statue de la reine et elle a réussi à résoudre le code pour ouvrir la porte. Pourquoi les immortels avaient-ils construit un tel complexe dans la tombe de leur reine ? Je ne peux toujours pas répondre à cette question et même le livre de Tullia ne semble pas y répondre, ou en tout cas, ma sœur n’a pas souhaité nous l'expliquer.
La crypte était beaucoup plus grande que prévu, des dédales longs et sombres rentraient dans la terre sur des distances inconnues. De plus, cette tombe est remplie de pièges conçus pour tuer tout pilleur de tombes. J’imagine qu’il doit bel et bien y avoir un trésor imposant dans cet endroit pour qu’il y ait tant de protections. Ce n’est que grâce à l’aide de Tullia que nous avons évité de nous perdre dans ce labyrinthe, son livre explique le chemin à prendre et les pièges à éviter. Mais qui a écrit ce maudit bouquin ?
En relisant mes mots, j’ai l’impression de peindre un portrait bien trop charmant pour ce tombeau. Même si le journal de Tullia nous a permis de voyager dans une certaine sécurité, nous ne sommes pas à l’abri de tous les dangers. En fin de journée, l’un des membres de notre groupe a fait l’erreur d’ouvrir une des urnes qui remplissent ces ruines. Suite à cela, des esprits ont commencé à nous attaquer. Le combat a été féroce. Tullia, Maximilien et moi sommes les seuls survivants du combat. J’ai bien peur que ma survie ne soit pas acquise. Alors que je tentais de soigner un de nos compagnons, un esprit m’a poignardé dans le flanc. Après notre combat, Maximilien et Tullia m'ont traîné plus loin dans la crypte. Nous avons établi un camp devant une porte scellée. Tullia affirme que le trésor que nous cherchons se trouve derrière cette porte. J’ai tenté de profiter de ce repos pour essayer de me soigner à l’aide de ma magie, mais rien ne semble guérir ma plaie. A l’heure où j’écris ces lignes, la blessure continue de s’infecter et je ne sais pas si je sortirai de ce tombeau vivant. Au moins je pourrai dire que j’ai eu une tombe digne d’une reine. Je me demande juste ce qu’il y a derrière cette porte.
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Ecrire dans ce journal est une chose que je ne pensais pas pouvoir refaire. Dire qu’il y a trois jours, j’étais mourant au fond d’une crypte hantée et qu’aujourd’hui je suis tellement… plus. Expliquer ce qui s’est passé dans la tombe d’Enkidur est complexe. Tous mes souvenirs semblent tellement irréels, comme s’ils appartenaient à une ancienne vie. Je vais malgré tout essayer de raconter ces événements au mieux. Ma sœur Tullia a réussi à ouvrir la porte supposée renfermer le trésor. A notre grande surprise, la salle que nous venions d’ouvrir était minuscule et contenait juste un homme affaibli sur le sol. Ce que nous pensions être une tombe était en réalité une prison et nous venions de libérer son détenu. L’homme était assoupi, mais la lumière de nos torches semble l’avoir réveillé de son long sommeil. Tullia a tenté de s’approcher de lui pour l’aider à se relever. Cependant, lorsque l’homme a vu mon sang, son regard a brusquement changé et, telle une bête sauvage, il a bondi sur mon corps. Je me rappelle juste d’avoir été terrifié et puis tout était noir. J’avais soif, tellement soif et j’ai entendu une voix qui me proposait de vivre. Ensuite, j’ai bu quelque chose et j’ai repris mes esprits. L’homme était à mes côtés et ma plaie s’était refermée sans même laisser une cicatrice. Il m’avait sauvé à l’aide de son sang.
Il s’est ensuite présenté comme étant Le Marquis, l’une des personnes ayant bénéficié de l’immortalité pour avoir bu à la source de vie avec Enkidur. Nous pensions trouver une relique pour nous sauver et la présence d’une immortelle dépassait de loin toutes les attentes que nous pouvions avoir. Nous avons expliqué de notre mieux la situation dans laquelle se trouvait Borélia. Après réflexion, il a accepté de nous aider, mais pour ce faire, il avait besoin de sang, notre sang. Il a proposé un marché à Tullia et Maximilien, leur sang en échange du sien, son pouvoir en échange des nôtres. Ils ont tous deux accepté et nous sommes devenus tous les trois ses suivants. Le Marquis nous a ensuite permis de sortir de la crypte. Arrivés dehors, il faisait nuit noire, pourtant le spectacle qui s’offrait à nos yeux était un jeu de lumière magnifique, comme si les étoiles dansaient dans le ciel. Nos yeux ne connaîtraient plus jamais l’ombre à partir de ce jour. Une fois arrivées à Obsidelle, j’ai accepté d'héberger le Marquis dans mon cabinet. Cela fait deux jours que nous sommes rentrés et notre sauveur dort toujours afin de récupérer ses forces.
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Au crépuscule, le Marquis s’est réveillé. Il est parti en direction du puits d’engeance pour régler le problème. Je ne m’attendais pas à ce qu’il parte seul, mais il a refusé d’être accompagné pour cette mission.
J’espère que nous n’avons pas sous-estimé le pouvoir de cet immortel.
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La bénédiction du Marquis a provoqué de nombreux changements dans mon métabolisme. Outre le fait de voir la nuit, je me sens aussi plus fort et plus puissant. C’est compliqué à expliquer, mais je suis capable de soulever des caisses qui demandent plusieurs personnes avec ma seule force. Ce matin, je me suis coupé avec mon scalpel. La coupure était profonde, pourtant, je n’ai presque pas saigné et la blessure s’est refermée en l’espace d’un instant. Il ne reste aucune cicatrice, comme si je ne m’étais jamais ouvert. J’ai réessayé de me couper avec d’autres ustensiles et le résultat est toujours identique. Certes je ressens la douleur, mais mon sang coagule rapidement afin de permettre une guérison rapide de la plaie. De plus, son cadeau semble me protéger face à la faim… En tout cas, je n’ai toujours pas mangé depuis notre retour de la tombe et je n’ai pas encore ressenti l’envie de manger. Avec un tel don nous pourrions sauver de nombreuses personnes. Je dois continuer mes recherches pour voir si je ne peux pas créer des remèdes avec cette bénédiction.
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Tullia est venue me voir ce matin. Elle était bouleversée. J’ai rapidement compris le problème, elle avait récupéré sa silhouette habituelle. Son bébé a disparu.
J’ai fait plusieurs tests et Tullia est dans une santé exemplaire. Pourtant, il semble que son corps ait absorbé l’enfant… Est-ce lié à notre nouvelle situation ?
Je vais arrêter d’écrire pour aujourd’hui, je n’en ressens pas une grande envie et Tullia a besoin de moi.
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Les attaques de l’engeance deviennent de plus en plus rares. Est ce que le Marquis a réellement réussi à arrêter le puits à lui seul ?
Ah, et je commence étrangement à ressentir une faim. Elle n’est pas spécialement dérangeante, mais la nourriture ne semble pas apaiser mes désirs. J’espère que le Marquis va bientôt rentrer pour m’aider à régler ce problème.
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La faim, elle me préoccupe de plus en plus. Je n’arrive plus à penser clairement. Il faut que je trouve quelque chose pour me nourrir.
D’après les dires, le puits d’engeance près d’Obsidelle a été fermé. Je devrais m’en réjouir, nous sommes sauvés. Malheureusement j’ai tellement faim que je ne peux pas vraiment penser à autre chose. Je vais parler de ce problème avec Tullia et Maximilien, peut-être ont-ils trouvé une solution.
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J’ai réussi ! J’ai enfin réussi à calmer ma faim. Il semble que le sang soit la solution pour me nourrir. Pas mon sang malheureusement, ce serait trop simple. Non, il faut que je boive le sang d’un autre être vivant. J’ai essayé de consommer plusieurs sangs, tous peuvent apaiser la faim, mais plus la créature est intelligente, plus le sang nourri. Par chance, la créature n’a pas besoin d’être morte pour que je puisse boire son sang.
J’ai d’ailleurs fait cette découverte en travaillant dans mon cabinet. Un de mes patients était sévèrement ouvert et le sang coulait à flot. J’avais tellement faim que je n’arrivais plus à garder mes esprits. J’ai récupéré une partie du sang dans une jarre et, pour une raison que je n’arrive pas vraiment à expliquer, j’ai commencé à en boire le contenu.
Je parlerai de cette solution demain à Tullia et Maximilien. Avec mon travail, il ne devrait pas être trop dûr de se procurer du sang pour nous trois.
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Un accident s’est produit.
Alors que je me rendais chez ma sœur pour leur expliquer ma nouvelle découverte, j’ai découvert avec effroi qu’ils venaient de comprendre la même chose. En arrivant chez Tullia, j’ai trouvé Maximilien en train de boire le sang d’un de ses amis. Il avait l’air complètement fou, comme hors de ses moyens. Je ne pensais pas que le manque de sang puisse nous rendre violents, mais j’étais face au fait accompli.
L’ami de Maximilien ne bougeait plus, la majorité de son sang avait été bu. Pris de panique, je me suis rappelé de ce que le Marquis avait fait pour me sauver. J’ai donc donné mon sang à la victime pour voir si le résultat était pareil.
Il a fallu attendre quelques heures, mais l’ami de Maximilien a fini par se réveiller. Il n’avait pas l’air de se rappeler de ce qui lui est arrivé.
Bien que cette expérience a été proche du désastre, nous savons maintenant que nous pouvons aussi transmettre le cadeau du Marquis.
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Le Marquis est enfin revenue en ville. Il avait l’air fatigué, ce qui est assez évident puisque, contre toute attente, il a réussi à fermer le puits d’engeance qui menaçait la ville. Cependant, nos retrouvailles n’ont pas été joyeuses. Le Marquis se trouvait dans l’atelier de Maximilien, le regard furieux porté sur notre nouveau companion.
D'un geste brusque, il lui a retiré le cœur de la poitrine, le tuant sur le coup. Il nous a expliqué que nous pouvions donner son don aux autres habitants d’Obsidelle, mais avant, il fallait connaître les règles de ce don.
Le Marquis a reçu ce cadeau de la source de la vie, il y a des siècles de cela en compagnie de la légendaire reine Enkidur. Cette bénédiction le force à boire le sang d’autres êtres vivants pour maintenir sa propre immortalité, une obligation que les autres immortels n’ont pas. Cependant, contrairement aux autres immortels, le Marquis peut partager son immortalité. Il doit boire le sang de sa victime et vice versa créant ainsi des vampires… nous sommes des vampires. Chaque personne ayant bénéficié du vampirisme vivra protégé du passage du temps, tant qu’il continue à boire le sang d’autres êtres vivants. De plus, consommer le sang donne des pouvoirs aux vampires, au plus la créatures dont nous buvons le sang est forte, au plus nous les devenons. Cette règle s’applique à tous les vampires. Pour autant, tous les vampires ne sont pas égaux. Le Marquis a présenté quatres catégories bien définies. Tout d’abord, il y a le Marquis qui peut créer des vampires qui peuvent résister au soleil, bénéficient de pouvoir surhumain et ne doivent consommer que peu de sang pour leur survie. J’ai catégorisé ceux ci comme les vampires de rang 1 et seul le sang du Marquis peut donner un tel pouvoir. Les vampires de rang 1 peuvent eux-mêmes propager le don, créant donc des vampires de rang 2. Ceux-ci sont largement moins puissants et demandent plus de sang pour survivre. De plus, ils n’apprécient pas la lumière du jour et sont très sensibles au feu. Détruire le cœur est un moyen efficace de les tuer. Enfin, les vampires de rang 2 peuvent eux aussi créer des vampires plus proches d’animaux que de réels êtres conscients. En effet, ces goules sont à peine intelligentes et dévorent tout sur leur passage. Ah et le soleil les réduit en petits tas de cendres d’après le Marquis.
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Après la dernière révélation du Marquis, Tullia, Maximilien et moi même avons eu une longue discussion. Cette dernière tourne autour d’une question simple: Devons nous partager le don du vampirisme aux autres habitants ?
La menace de l’engeance qui pèse sur Obsidelle a été vaincu, mais la menace du Grand Dévoreur est toujours présente. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’un autre puits ne s’ouvre non loin de la ville. Or nous n’avons plus rien pour nous défendre. Notre civilisation s’est effondrée et nous sommes seuls, aucun signe d’une autre ville n’a réussi à passer au travers des créatures de l’engeance. A mes yeux, transformer nos amis en vampire est le seul moyen d’assurer notre survie. Maximilien semble d’accord avec moi, mais Tullia s’oppose à ce choix. D'après elle, les citoyens devraient pouvoir choisir leur destin. De plus, elle ne pense pas que nous pourrions contrôler un tel nombre de vampires, tous obligés de s’abreuver fréquemment de sang.
Le débat reste ouvert, j’espère que Tullia finira par entendre la raison. Je n’aime pas non plus l’idée de devoir boire du sang pour le reste de l'éternité et ce n’est pas un poids que j’aimerai ne pas imposer aux restes de nos voisins, mais c’est la seule solution pour éviter l’extinction.
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Cela a pris une autre journée, mais nous avons réussi à nous mettre d’accord. Dans trois jours, nous allons révéler publiquement notre nature et l’identité de notre sauveuse. Les citoyens qui le désirent pourront devenir des vampires afin de défendre la ville, voire même récupérer notre île face à l’engeance. Toute personne peut refuser le don, cependant, elle doit donner une partie de son sang en contrepartie. Il nous faudra des personnes normales pour assurer un bon ravitaillement de nos nouveaux soldats.
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Nous avons présenté notre projet au Marquis. Il a accepté de se révéler à la ville mais il ne transformera personne d’autre en vampire de rang 1. Cela lui coûterait trop de puissance. J’imagine que notre projet devra se faire avec des vampires de rang 2….
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Alors aujourd’hui a été notre grand jour. Nous avons réussi à réunir les survivants d’Obsidelle pour leur annoncer la présence d’une immortelle dans nos rangs. La nouvelle a été reçue avec beaucoup d’appréhension. Il est vrai que le Marquis n’a pas vraiment le bon rôle dans les légendes de nos aïeux. Peu importe son rôle, c’est lui qui a sauvé notre ville, c’est lui qui a vaincu l’engeance.
Nous avons ensuite demandé qui voulait devenir un vampire à nos côtés afin de défendre la ville. Là encore, le résultat est décevant. Nous avons beaucoup moins de recrues que ce à quoi Maximilien et moi nous attendions. Peu importe, cette troupe d’élite sera sous sa charge et je suis sûr qu’il réussira à en faire un grand atout pour notre ville.
Pour le côté positif, les autres habitants ont accepté de faire don de leur sang.
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Cela fait plus d’un mois que notre nouvelle société est en marche. A part les quelques problèmes avec des vampires qui s’attaquent aux autres habitants, tout se passe très bien. Tellement bien que le nombre de créatures de l’engeance est en train de diminuer très fortement dans les alentours. Maximilien a pris en charge la gestion militaire de notre communauté tandis que Tullia dirige la gestion de la cité. De mon côté, je continue à en apprendre plus sur notre nouvelle nature. Je ne fais pas ça seul, le Marquis est à mes côtés et il s’est révélé être un puits d’histoire d’une grande richesse.
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L’engeance a disparu.
Je n’arrive pas vraiment à croire ce que je suis en train d’écrire, mais c'est bien vrai. Je suis peut-être trop optimiste, puisqu'il reste malgré tout quelques puits sur l’île. Malgré tout, la réalité est là, la majorité des puits se sont refermés d’eux-même !
Je ne sais pas comment ni même où, mais le Grand Dévoreur a forcément été vaincu. Nous allons enfin pouvoir reconstruire nos vies.
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Je ne sais pas comment nous en sommes arrivés là. Tout a été si vite. Nous étions censés tout reconstruire. Qu’est ce qui a mal tourné ? Pourquoi les vampires se sont mis à attaquer les civils?
D’après Maximilien, tout cela a commencé avec un vampire qui a tué une autre personne par inadvertance et, dans son idiotie, il a tenté de la ramener à la vie. La panique s’est répandue dès que les premières goules sont apparues dans les rues de la cité. Les vampires de rang 2 peuvent contrôler leur faim, les goules non. Le massacre a été terrible. Les goules et vampires sont rentrés dans une rage meurtrière à la vue du sang. De notre côté, Maximilien Tullia et moi avons tenté de dévorer le plus de civils afin de pouvoir les transformer en vampire de rang 2, un sort préférable à la transformation en goule voire à la mort. C’était une course contre la montre pour sauver le plus de personnes…
Le compte des survivants est encore en cours, mais la totalité des civils a été transformé, tué ou a disparu. Il n’y a plus que des vampires à Obsidelle.
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Les nouveaux vampires ont du mal à s'habituer à leur nouvelle situation. Nous n’avons pas de quoi les nourrir efficacement. Je doute que le sang de rat et de cerf continue à assouvir les faims. Il faut trouver de nouvelles sources de sang sans succomber à la violence. Je refuse de commencer à chasser les survivants de l’île.
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Tullia a trouvé une idée pour trouver du sang. Nous allons former une caravane de médecins itinérants afin de récolter du sang tout en aidant les personnes dans le besoin. Nous partirons d’abord sur la côte sud en direction d’Aubeport. Peut être qu’il y aura des survivants là bas.
Etrangement le Marquis a demandé à nous accompagner pour ce voyage.
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Nous sommes arrivés à Aubeport et, à ma grande joie, la ville tient encore. Il y a de nombreux survivants et ça me réchauffe le cœur. Nous avons installé notre hôpital de fortune pour aider les personnes dans le besoin. La technique est simple: j’aide les patients à guérir tout en effectuant des prises de sang afin de remplir nos stocks. Si un patient est irrécupérable, nous le mettons dans l'hôpital et accélérons son sort afin de pouvoir récupérer le corps.
Pour l'instant, ce plan fonctionne à merveille. Nous avons un tel succès que la nouvelle dirigeante d’Aubeport à demander à me rencontrer. Il faut dire que mon nom a encore une certaine renommée dans Borélia. Pour combien de temps…
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Quelle surprise, la dirigeante d’Aubeport n’est autre que ma cousine, Lydia Aubelune. Je dois bien reconnaître que parmi les survivants, je ne m’attendais pas à trouver des membres de ma famille. J’ai passé une merveilleuse journée avec elle. J’aurais aimé avoir d’autres conversations avec ma cousine dans le futur, mais cela semble compromis. En effet, Lydia ne compte pas rester sur Borélia. Elle monte une expédition avec des volontaires pour partir en direction de Mu. Je comprends son point de vue, l’île n’est plus qu’une ruine habitée par les fantômes de nos ancêtres. Un nouveau départ est une bonne idée. Elle nous a proposé à Tullia et moi de la rejoindre dans sa nouvelle ville. Une aventure à laquelle nous aurions adoré prendre part, mais nos responsabilités vont à Obsidelle et nous ne pouvons pas quitter les nôtres ainsi.
A ma grande surprise, le Marquis a accepté son offre. J’imagine que je devrais annoncer son départ à Maximilien et aux autres vampires.
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Nous retournons vers Obsidelle, avec du sang en réserve mais sans le Marquis. Je me demande quelle sera la réaction des autres en apprenant son départ.
Lydia a eu la gentillesse de me prévenir qu’une autre ville avait résisté à l’engeance. Ancalaloria est toujours debout. J’imagine que nos prochaines expéditions devront se faire là-bas.
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Cela fait une année que le Marquis est parti. Maximilien ne semble toujours pas digérer son départ. Depuis quelque temps, une immense tempête fait toujours rage autour de l’île. Je ne connais pas son origine, mais elle nous isole du monde et j’imagine que c’est pour le mieux vu ce que nous sommes devenus.
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Je me rends compte que mes ajouts dans ce journal sont de plus en plus sporadiques. En plus, j’ai perdu une partie des feuilles du carnet. J’imagine que c’est le temps qui me rend négligent. Depuis combien d’années suis je un vampire ? Depuis combien de temps cette tempête gronde autour de Borélia ?
A chacun de mes déplacements, je vois les restes de notre civilisation disparaître un peu plus au profit de la nature. Les forêts recouvrent les ruines, la mousse cache la route et le lierre voile les statues de nos héros. C’est une vue mélancolique. L’île semble guérir de ses vieilles blessures et ses cicatrices disparaissent avec le temps. Je ne peux pas en dire autant.
Qui se rappellera de notre civilisation ? Qui se rappellera de mes amis Saga et Lucienne ? Sommes-nous tous condamnés à disparaître dans l’oubli ?
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Je ne sais pas pourquoi, mais la tempête a disparu. Cela faisait tellement longtemps que je n’avais pas pu admirer une mer calme.
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Des nouveaux venus sont arrivés sur l’île. J’imagine que l’île doit être un nouveau territoire à leurs yeux. Ils se sont concentrés le long de la côte et ils ont transformé les ruines d’Aubeport en une nouvelle ville, Visburg.
Ces humains ne sont pas les seuls arrivants, des vulpiens de Mû ont aussi décidé d’établir leur demeure sur Borélia. J’imagine que ces groupes auront besoin d’un médecin…
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La tempête est réapparue autour de l’île. Décidément cette accalmie n’aura pas été longue
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Tullia et moi sommes de plus en plus d’accord, ce vampirisme n’est pas un don mais une malédiction. Nous sommes des parasites condamnés à nous nourrir de nos confrères. Nous avons essayé d’en parler avec Maximilien, mais il semble très satisfait de sa situation, lui et les autres vampires de la ville.
Peut-être qu’il y a un moyen de nous guérir ? Je dois le trouver ! Pour moi et pour Tullia.
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Cela doit bien faire des siècles que je n’ai plus écrit dans ce journal. Vu ma situation, ce n’est pas une figure de style, mais une réalité bien amère. Tullia pense avoir trouvé une solution à notre malédiction. Une sorcière vulpienne possèderait un artefact capable de libérer les vampires de leur malédiction.
J’ai déjà envoyé des traqueurs pour localiser cette sorcière. Espérons juste que nous n’aurons pas à massacrer sa tribu pour atteindre nos objectifs.
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J’ai enfin pu trouver cette mégère à fourrure. Quelle idiot j’ai été de penser trouver un remède chez une sorcière sénile. Je lui demande de me guérir du vampirisme et elle me donne une épée ! Une foutue épée. Aubépine, une épée légendaire de notre folklore. L’épée qui aurait été taillé par l’Artisan, un des immortels, dans le premier arbre à avoir poussé autour de la source. Comme si une stupide bête de fourrure pouvait trouver un tel artéfact ! Quel sens de l’humour.
La prochaine fois que je la croise, elle va goûter son remède à travers la gorge.
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Peut être que je me suis trompé sur cette épée de bois. Je me suis coupé dessus et ma blessure n’a toujours pas cicatrisé. On dirait qu’il y avait une base de vérité dans l’histoire de cette sorcière. Mais comment a-t-elle réussi à se procurer une telle relique ?
Dans tous les cas je vais faire plus de recherches sur cette arme. Peut-être que son écorce pourra nous amener notre salut.
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Tullia est venue me trouver en pleure ce matin. Elle a encore des problèmes avec Maximilien. Il est vrai qu’il a bien changé durant ces derniers siècles. C’est comme si la lueur qui brûlait dans ses yeux s’était éteinte et que désormais seul les ombres couvrait son âme.
Ce n’est pas la première fois que Tullia vient me voir dans cet état. Ça devient même de plus en plus fréquent. Il faut que j’en parle à Maximilien. Ma soeur ne désire plus être un vampire, il faut absolument trouver un remède.
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La discussion avec Maximilien ne s’est pas bien passée. Restons en là pour aujourd’hui.
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J’ai parlé d’Aubépine à Tullia. Elle m’a semblée très intéressée par ce sujet. Depuis le temps qu’elle cherche à guérir, ça ne m’étonne pas vraiment. Mieux, elle s’est même proposée de m’aider dans mes recherches.
Ça fait tellement de temps que nous n’avions plus travaillé ensemble. Je suis sûr que ça devrait lui permettre de se changer les idées.
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Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'elle a fait ça ? Si seulement elle m’en avait parlé, peut-être que j’aurais pu l’aider. Pourquoi est-ce qu'elle me laisse seul ? Pourquoi est ce qu’elle a préféré trouver le réconfort dans la lame d’Aubépine plutôt que dans les bras de sa famille ? Il n’y a même pas de note… rien !
Tullia pourquoi t’es tu donné la mort ? Je ne comprends pas.
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J’ai enterré Tullia dans le jardin de la maison de notre enfance. Elle adorait aller là-bas, elle expliquait que la forêt lui racontait toujours ses histoires. J’espère qu’elle ne se sentira pas seule là-bas. J’ai aussi enterré Aubépine avec elle. Personne ne doit savoir comment elle est morte. Si Maximilien venait à l’apprendre. J’ai des frissons juste en y pensant.
Je dois m’assurer que plus personne ne trouve cette maudite arme. Il y a une vieille demeure en bois dont les fondations tiennent encore non loin. Peut être qu’avec assez de temps, je pourrai en faire une maison confortable.
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Annoncer la nouvelle à Maximilien n’a pas été simple. Il m’a accusé d’être le responsable de la mort de ma sœur, que c’était de ma faute si elle était malheureuse. J’imagine que c’est la douleur dans son cœur qui parle. Je lui laisserai le temps qu’il faudra pour qu’il récupère. S’il veut me parler, il n’aura qu'à me trouver dans ma nouvelle demeure
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Cela fait un an que Tullia nous a quittés. Sa tombe resplendit de fleurs. J’ai réussi à finir ma demeure. C’est un endroit confortable pour méditer et admirer la nature de Borélia.
Maximilien ne m’a pas encore contacté depuis notre dispute.
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Encore une accalmie autour de l’île. Je me demande qui seront les pèlerins cette fois ci.
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Ce n’est pas un petit groupe qui est arrivé, mais un véritable village qui s’est présenté à ma porte. Ce groupe de réfugiés est dirigé par un baron dénommé Pontomore. Ils cherchent un endroit où fonder une colonie.
Je n’ai pas pu m’empêcher de rire à cette demande. Ce n’est pas la place qui manque sur notre île, ils pourraient s’installer où ils veulent. Est-ce par solitude ou par curiosité, je ne sais pas, mais je leur ai proposé de s’installer autour de ma demeure. En l’honneur du bois sombre de ses fondations, le baron a décidé d’appeler la ville Ombrepin.
J’imagine que ce journal va être plus utile qu'auparavant.
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La construction du village avance rapidement, ces réfugiés sont décidément très débrouillards. Le plus intéressant est l’histoire de leur terre d’origine. Il y a désormais un Empire humain qui s’est établi dans le continent de Mû. Ces pauvres bougres ont été chassés de cet Empire à cause du nom de leur maison. L’oncle de ce Pontomore aurait trahi le père de l’Empereur Sadeas, un Aldébaran Aubelune. Hé oui, on dirait bien que ma cousine Lydia a réussi à fonder une communauté florissante. Quelle vie aurais-je mené si j’avais décidé de la suivre il y a 600 ans de cela ? Dire que cet empereur est un de mes parents, décidément, la vie finit toujours par vous étonner.
De plus, j’ai proposé mes services de médecin aux habitants de la ville. Tous ne me font pas encore confiance, mais je ferai tout mon possible pour mériter de vivre avec des personnes aussi intéressantes.
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Il y a une jeune fille qui n’arrête pas de tourner autour de mon hospice. J’ai enfin réussi à discuter avec elle. Elle m’a dit s’appeler Evelyne puis elle est partie en courant. Une bien curieuse créature.
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Un des habitants de la ville s’est fait tuer en allant chasser dans le bois. Je leur ai dit que c’était sans doute une des créatures géantes de l’île. Cependant, les marques sur son coup ont confirmé mes soupçons. On dirait que je vais devoir parler à Maximilien. Ces braves gens sont sous ma protection.
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Cela a été très perturbant de retourner à Obsidelle. C’est comme si la ville et ses habitants avaient été figés dans le temps. Je plains ces fous piégés dans leur peur du changement, mais parmi les fous, il en est un qui est roi: Maximilien.
J’ai été reçu avec tout le respect d’un monarque, alors que cela fait plus d’un siècle que nous n’avons plus parlé. Malheureusement, les bonnes manières sont tout ce qu’il reste de mon vieil ami. Il n’est plus qu’une coquille vide, un âme triste et amère. Il m’a bien fait comprendre que le village d’Ombrepin allait devenir son nouveau garde-manger, avec ou sans ma bénédiction. Une négociation qui a tourné à l’échec.
Si Maximilien pense être le seul à avoir un atout dans sa manche, il se trompe.
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J’ai tracé un cercle de protection autour d’Ombrepin. Si un vampire tente de passer au travers, la lumière du jour sera le cadet de ces soucis.
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J’ai décidé de prendre Evelyne comme apprentie. Elle semble toujours curieuse, à fouiller ma bibliothèque et mon laboratoire. Je ne peux pas m’empêcher de voir en elle la même curiosité que Tullia à son âge.
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Cela fait 5 ans que le village d’Ombrepin prospère. Je n’aurai jamais penser avoir droit à un nouveau départ. Maintenant j’ai envie de voir le reste de Sycarius. Qui sait les merveilles qui se cachent encore dans ce monde. Je parie qu’un jour nous aurons des îles flottantes, ce serait le summum ! Voir le monde d’en haut, un vrai rêve d’enfant.
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Je n’aurai jamais du faire confiance à ce Lestate. Ce traître a vendu le village. Je l’ai laissé s’approcher du cercle et ce misérable en a profité pour le briser. Comment a-t-il appris à briser le cercle ? Pourquoi a-t-il fait ça ? Qu’est ce que cette limace y gagne ?
Beaucoup de questions auxquelles je ne peux pas répondre. Il faut absolument que j’aille mettre le citoyens en sûreté avant que Maximilien n’arrive.
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C’est fini, ils sont tous morts. J’ai tenté de les défendre de mon mieux mais Maximilien et ses laquets les ont tous tués. Seul Lestate et son idiot de fils Vlad ont été transfromé en vampire comme récompense pous son “dévouement”. Quel lâche ! Je ne perdrais pas ma famille ! Pas une deuxième fois. Il y a sur cette île des forces anciennes et secrètes. Je vais partir et apprendre tout ce que je peux. Je vais commencer par rendre une petite visite à l’Oracle. Cela fait trop longtemps qu’il médite près de sa source. Lorsque je reviendrai, je ramènerai tout le monde à Ombrepin et ils ne disparaîtront plus jamais.
Je vais les faire revenir je le promets.