Le Marionnettiste
Race: Alésien
Genre: Masculin
Statut: En vie
Je n’ai jamais eu de chez-moi, je n’en avais pas besoin, comme le dit mon père : “nous sommes des gens du voyage, le monde est notre maison.” Mon père, c’est le chef de la troupe, c’est lui qui décide quelle sera notre prochaine escale, et quel sera notre prochain spectacle. Mais c’est surtout notre marionnettiste, un maître fil tellement talentueux qu’il transforme le plus simple des pantins en véritable héros de conte avec une aisance déconcertante.
Ma mère est une hydromancienne, elle contrôle la magie de l’eau. Elle passe son temps libre à me l’enseigner. Mais son véritable pouvoir, c’est de pouvoir faire naître un sourire sur le visage de n’importe qui.
Notre troupe parcourait village et campagne, jusqu’au jour où nous faisons halte à Molle-Pierre, une petite bourgade perdue dans la campagne alésienne. Le seigneur des lieux, impressionné par notre prestation, propose d’engager notre troupe. Après de nombreuses discussions, mes parents ont accepté. Avoir le monde comme maison, c’est bien, mais offrir un foyer à un enfant est plus rassurant.
Cependant, nous ne sommes pas bien vus au village. Si le seigneur nous apprécie, ce n'est pas le cas des villageois, qui se méfient des étrangers. Les enfants sont les plus cruels, et ce n’est pas toujours simple à l’école. Pour m’aider à oublier les malheurs du quotidien, je pars souvent seul en forêt et c’est là que j’ai découvert l’étendue de mes pouvoirs.
Ayant beaucoup de mal avec mes camarades, mon meilleur ami était un renardeau que j’avais trouvé, seul au bord d’une mare. Je venais le rejoindre chaque jour après les cours, et je lui apportais les restes de mon repas, mais un jour, je n’avais rien à manger et en signe de mécontentement, le renardeau me mordit et partit en courant.
Ce geste me mit hors de moi, je tendis la main vers lui et lui ordonna de rester près de moi. Contre toute attente, il s’immobilisa. Ma mère m’avait appris à ressentir l’eau à travers la trame pour lui donner la forme que je voulais, mais la c’était différent: je ressentais l’eau dans le corps du renardeau, et je la contrôlais. L'animal revint vers moi et se coucha, les yeux d’abord remplis de terreur, puis vide d’émotion, jusqu’à se fermer à jamais. Au moins, il ne me quitterait plus. J’avais enfin trouvé un ami pour la vie.
Lorsque je montrais mon ami à ma mère, elle me sourit comme à son habitude, mais son regard trahissait une certaine crainte. Je lui souris, à mon tour, et la chaleur revient dans son regard. Comme elle me l’avait appris, un sourire embellit le monde, et rassure les âmes.
Mon meilleur ami ne m’en apporta pas d’autre au village, au contraire, les gens me regardaient encore plus bizarrement. Un jour, des brutes tentèrent de me voler mon ami. je ne voulais pas leur faire de mal, mais je ne pouvais pas les laisser blesser mon ami, alors je leur ai ordonné d’arrêter, et comme le renardeau, ils s’immobilisèrent.
Quand je l’ai raconté à maman, elle commença à paniquer, affirmant qu’il fallait vite faire nos affaires et partir d’ici. Mon père arriva en courant dans la maison, affirmant qu’une foule en colère nous attendait dehors. Ils entrèrent et commencèrent à nous jeter des pierres. Je ne comprenais pas pourquoi tout le monde était si méchant. Les pierres volaient, mon père s’effondra. Je voulais juste que tout s’arrête, que tout le monde sourit et qu’on sorte jouer tous ensemble. Une bougie tomba par terre et un feu se déclara dans la maison et moi, je ne comprenais pas. J’ai hurlé “ARRÊTEZ”. Tout s’arrêta et je m’évanouis.
À mon réveil, l’odeur de brûlé flottait dans l’air. Les rideaux s’étaient consumés mais la maison était intacte. Papa, maman, tous les villageois étaient étendus au sol, un grand sourire figé sur les lèvres, mais ils ne bougeaient plus. Je pris Renardeau sous mon bras, et je me suis mis à courir, sans jamais m’arrêter.
J’ai été recueilli par une bande de brigands, qui après avoir entendu mon histoire, décidèrent de me prendre sous leur aile. Leur chef s’appelait Luc, ce n’était pas une bonne personne, mais c’était le chef et il fallait le respecter. C’est ce que me disaient les autres.
Luc avait trouvé un bon moyen de rentabiliser mes pouvoirs, je pouvais obliger les gens à lui donner tout ce qu’il voulait, et il n’avait même plus besoin de les tuer. Parfois, il m’ordonnait de forcer les passants à faire des tours, juste pour l’amuser. Je n’aimais pas ça, mais j’apprenais à contrôler mes pouvoirs, et au moins, il leur laissait la vie sauve.
C’est ainsi que je passa mon adolescence, à suivre Luc et sa bande, à l’empêcher de tuer les honnêtes passants, et à nous en mettre plein les poches. Pour me récompenser de mes loyaux services, Luc me laissait toujours choisir ma part du butin en premier, et quand l’occasion se présentait, j’ajoutais un livre à ma collection. Mes histoires favorites étaient toujours les contes sur les héros d'antan. Mon livre préféré racontait la vie du prince rouge, Ascalon, le pourfendeur d’Ancalagor. Moi aussi un jour, je réaliserai un exploit tellement incroyable que tout le monde se souviendrait de mon histoire bien après mon trépas.
C’est avec la tête pleine de rêves qu’un jour, j’ai pris une décision radicale : il était temps que le banditisme cesse. Au lieu d'utiliser mes pouvoirs sur les passants, je les ai dirigés contre Luc. Je savais que ce n’était pas juste, mais je me convainquais que je faisais cela pour son bien, pour l’aider à devenir une meilleure personne. Bien sûr, il n’était pas très coopératif au début, mais la peur finit par le soumettre.
La bande fut d’abord déstabilisée, mais au fond, les gars n’étaient pas mauvais. Ils finirent par accepter ce nouveau chemin, et faire le bien n’était pas si désagréable pour eux. Ensemble, nous sommes devenus les protecteurs des villages environnants.
Cependant, maintenir mon emprise sur Luc me pesait. Cela me consumait peu à peu, mais je n’osais relâcher mon contrôle : s’il retrouvait sa liberté, il se vengerait, et tout ce que nous avions accompli s’effondrerait.
Alors, pour le bien commun, j’ai pris la décision de me débarrasser de lui.
Notre petite confrérie prospérait, et la paix régnait enfin dans la région. Pourtant, quelque chose me manquait. Ascalon avait Ancalagor, et moi, je n’avais personne. Il me fallait un adversaire digne de ce nom.
J’ai donc laissé la confrérie entre de bonnes mains, et je suis reparti sur les routes, à la recherche de mon propre destin.
C’est à ce moment-là que j’entendis parler d’une menace grandissante au sud, dans les terres d’Azlan. On l’appelait le Grand Dévoreur. Curieux et avide de nouveaux défis, je me lançai dans une quête de renseignements, et c’est alors qu’un homme mystérieux fit son apparition. Il se présentait sous le nom de Viktor, un individu énigmatique, qui évoqua un groupe étrange se faisant appeler "l’Organisation". Selon lui, ils se voyaient comme les sauveurs de Sycarius, et avaient un plan pour en finir avec le Grand Dévoreur.
Évidemment, je dus d'abord prouver ma valeur. Viktor devint mon mentor, me confiant plusieurs missions dont les véritables objectifs m’échappaient, mais il assurait que chaque action faisait partie d’un plan plus vaste. Mes tâches, bien que parfois incompréhensibles, visaient toutes à semer la discorde entre les nobles alésiens et la couronne. À travers mes missions, des tensions grandissantes virent le jour, et de ce chaos naquit l’Axe de Fer, une puissante coalition dirigée par le duc de Pontomore, lui-même membre influent de l’Organisation.
Grâce à mes actes, je gravis les échelons au sein de l’Organisation, jusqu’à ce qu’ils me révèlent enfin leur plan pour vaincre le Grand Dévoreur. Ils avaient observé qu’à chacune de ses apparitions, la créature disparaissait après s’être nourrie d’un certain nombre d’âmes. Leur idée était donc simple : en saturant le monstre d’un trop-plein d’âmes d’un seul coup, ils espéraient le faire imploser, l’empêchant ainsi de revenir. Le plan, bien que risqué, tenait la route. Mais une question restait en suspens : comment allaient-ils collecter autant d’âmes?
L'Organisation avait une réponse inquiétante. Ils avaient installé un réceptacle capable de capturer les âmes des défunts sur l’île d’Al’akir. Cet artefact était gardé par le grand élémentaire Eolare, qui était lui aussi, membre de l’Organisation. Leur projet prenait alors une tournure plus sinistre.
Ils prévoyaient d’assassiner l’empereur Gavilar et de profiter de l’assemblée des Haut-Princes pour s’emparer du pouvoir en évinçant son héritier, Dalinar. Cette prise de pouvoir provoquerait une guerre civile encore plus sanglante que l’Interrègne. Lors de l’assemblée des Sauvagiers, ils comptaient enflammer le conflit pour récolter un maximum d’âmes supplémentaires. Enfin, leur plan culminait avec une marche dévastatrice vers le Grand Dévoreur, rasant chaque village sur leur passage pour remplir leur réceptacle de milliers d’âmes innocentes. Une fois le réceptacle plein, ils le jetteraient à la créature dans l’espoir de la détruire pour de bon. Un carnage, justifié selon eux par la promesse d’un plus grand bien.
Evidemment, je n’ai pu accepter cela, et j’ai décidé de quitter l’Organisation. Le bémole, c’est qu’on ne peut pas quitter l’Organisation. Alors j’ai tenté de la détruire. Viktor avait une grande confiance en moi, ça a dû lui faire vraiment mal lorsqu’il m’a suppri en train d’assassiner le chef de l’ordre.
Après cet "léger incident", je pris la fuite. Pendant des années, j’étais à la fois proie et chasseur. J’ai traqué un à un les membres de cette maudite Organisation, mais j’étais seul, tandis que Viktor ne relâchait jamais sa traque. Je n’ai pas pu empêcher leur plan de se mettre en marche, mais j’entendis qu’un groupe d’aventuriers avait réussi l’impossible : ils avaient vaincu Al’Akir et terrassé le Grand Dévoreur, sans avoir besoin d’orchestrer le massacre de milliers d’innocents.
Une fois la menace de l’Organisation éliminée, ce qui me prit de longues années, je réussis enfin à me débarrasser de Viktor. Libéré de cette ombre, je me mis en quête de réparer les erreurs commises par cette secte et même plus. Pour cela, je devais perfectionner mes pouvoirs, puis les amplifier. Je rejoignis alors une petite troupe de cirque, utilisant ses membres comme sujets d’expérimentation pour améliorer ma maîtrise.
Grâce à l’aide d’une vieille Vailon, j’ai ouvert un portail vers le monde des esprits. Avec le soutien des aventuriers, j’ai pu capturer un esprit redoutable, le Voleur d’Ombres. Ce dernier me permettait désormais de contrôler non seulement par le sang, mais aussi par l’ombre de mes victimes. Cette nouvelle puissance me rapprochait de mon objectif.
Enfin, quand j’ai retrouvé Dalinar, j’ai compris qu’il me fallait l’aide de ces mêmes aventuriers pour le libérer. J’ai donc envoyé une lettre au Juge Parker, l’incitant à arrêter les aventuriers et à les emprisonner dans sa forteresse ; là où Dalinar lui-même était retenu captif. Mon plan était simple : je les rejoindrais dans cette prison et ensemble, nous libérerons l’héritier.
Une fois Dalinar libre, je l’aiderai à reconquérir son trône et à rétablir la paix dans l’Empire. Ensemble, nous éradiquerons les criminels qui gangrènent nos terres, et enfin, tous les Alésiens pourront vivre en paix.